Sophie Royer, 23 ans, diplômée d’un master compétences et développement des collectivités territoriales au sein de LUE - université de Lorraine, a effectué un service volontaire européen de six mois, au sein d’un programme transfrontalier entre la France et l’Espagne. Elle raconte comment elle a porté sa candidature et comment s’est déroulée cette expérience.

« C’est une amie qui m’a parlé d’Interreg Volunteer Youth (IVY), lors de mon stage de fin d’études au Conseil de l’Europe. Cette initiative donne la possibilité de participer, dans le cadre d’un service volontaire européen, à des projets transfrontaliers, interrégionaux et transnationaux qui contribuent au développement économique, social et territorial de l’Union européenne. J’ai aimé que soient mises en avant les valeurs de solidarité européenne, et que la jeunesse ne soit pas vue comme ayant un manque d’expérience : IVY s’adresse en effet aux Européens âgés de 18 ans à 30 ans.

Pour participer, je me suis inscrite sur la page European Solidarity Corps du corps européen de solidarité, où j’ai mis mon CV en ligne et ai renseigné les langues que je parlais, ainsi que les raisons qui me poussaient à me porter candidate : améliorer mon espagnol, avoir une première expérience professionnelle dans la coopération transfrontalière, et agir pour l’intérêt général. Il ne s’agit pas de répondre à des offres : c’est les organisations qui nous contactent en fonction du profil décrit.

Qu’est-ce que le corps européen de solidarité ?

Le corps européen de solidarité est une initiative de l’Union européenne qui vise à donner aux jeunes la possibilité de travailler dans le cadre de projets destinés à aider des communautés et des personnes dans toute l’Europe. Les projets ont une durée de deux à douze mois. Ils seront menés de manière générale dans les Etats membres de l’UE. La participation est ouverte à partir de 18 ans et jusqu’à l’âge de 30 ans. Depuis son lancement, le 7 décembre 2016, 36 294 jeunes de tous les Etats membres se sont inscrits, et 1 500 ont obtenu un placement dans quelque 950 organisations.

L’objectif proclamé par l’UE est d’offrir « aux jeunes désireux d’aider, d’apprendre et de s’épanouir l’occasion de vivre une expérience positive et inspirante [en vue de] bâtir une société plus inclusive en venant en aide aux plus vulnérables et en relevant des défis sociétaux. (…) Une société juste et égalitaire caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité ».

Les participants signent, avec l’organisation d’accueil, un contrat de solidarité qui précise les conditions de leur contribution, conformément aux principes de la charte du corps européen de solidarité. S’il s’agit d’une activité professionnelle, les conditions sont précisées dans le contrat de travail, établi conformément à la réglementation nationale du pays d’accueil. Les participants seront rémunérés conformément à la législation, à la réglementation et aux accords collectifs locaux.

Dans le cadre de Interreg Volunteer Youth (IVY), Bruxelles a débloqué 1 million d’euros pour couvrir les coûts, tels que les frais d’assurances, de déplacements jusqu’au lieu de déploiement, une indemnité journalière, etc.

Peu de temps après, j’ai eu un entretien de motivation téléphonique, en espagnol, avec la responsable de la communication du programme Interreg Poctefa, situé à Jaca, dans une commune d’Aragon (Espagne), qui m’a expliqué les tâches d’assistance à la gestion de projets et les traductions prévues dans le cadre du service volontaire. Cela m’a permis d’arriver plus sereinement à Jaca, quand, peu de temps après, j’ai su que j’avais été sélectionnée.

Des projets pour construire l’Europe

J’avais découvert le programme européen Interreg durant mes études : il permet de financer des projets de coopération européenne et s’adapte en fonction des problématiques territoriales. L’intégrer m’intéressait, car il reflète l’idée que le travail et la solidarité entre différentes régions ou différents pays permettent une plus grande échelle, de meilleurs résultats et de meilleures idées, et que cela construit l’Europe, par-delà les frontières.

Le programme Poctefa cherche, à travers le financement de projets, à s’adapter au changement climatique, à utiliser les ressources de façon raisonnée et à faciliter la mobilité des Européens. Par exemple, il soutient le projet Transfermuga a permis la construction de l’Euskotren, un train qui permet de se déplacer des deux côtés de la frontière franco-espagnole.

Je suis arrivée à Jaca en août 2017, et mon contrat a pris fin le 31 janvier. Le programme IVY propose des volontariats compris entre deux et six mois et couvre tous les coûts sur place (on reçoit un forfait, qui varie en fonction des pays, pour moi, il était d’une vingtaine d’euros par jour, week-ends compris), ainsi que le transport (un forfait est calculé en fonction du nombre de kilomètres qui séparent notre domicile du lieu du volontariat).

Bien que Jaca soit une ville de seulement 13 000 habitants, il y a beaucoup de choses à faire (surtout si on aime le sport, car nous sommes juste à côté des pistes de ski !), et une très bonne ambiance générale. Je m’y suis bien sentie dès le premier jour. J’ai rencontré des gens sympathiques au travail, lors de mes colocations et quand j’ai pu donner des cours particuliers de français. J’ai aussi pu utiliser les jours de congés prévus pour voyager, à Madrid, Barcelone, Santander, Saragosse, etc.

Echanger nos expériences

Durant mon volontariat, l’association IVY a été présente et a organisé un rassemblement de tous les volontaires à Bruxelles, ce qui nous a permis de nous connaître et d’échanger sur nos expériences. J’ai été agréablement surprise par le fait que les volontaires étaient convaincus des bienfaits de la coopération et du rôle qu’ils avaient à jouer dans cette construction. Nous étions tous satisfaits de notre aventure, il y avait une très bonne ambiance générale. J’ai rencontré des volontaires hongrois qui avaient choisi de rester dans leurs pays, car l’initiative IVY le permettait. Certains volontaires créaient des comptes sur les réseaux sociaux pour promouvoir l’Europe.

Au niveau professionnel, le plus difficile a été de comprendre le fonctionnement du programme Interreg et de travailler en espagnol. Mais, en étant dans un autre pays, et en pratiquant tous les jours, le problème linguistique se résout très vite. La communauté de travail des Pyrénées (CTP), l’institution qui gère le programme Interreg Poctefa, est une structure transfrontalière, tout le monde parle français, à la moindre difficulté je pouvais donc m’exprimer dans ma langue.

De plus, l’équipe a été très patiente, prenant le temps de m’expliquer les subtilités du programme et ses différentes étapes. Par exemple, il existe différents Interreg selon le degré de coopération, et différents indices pour mesurer l’efficacité d’un projet. De ce que j’en sais, les organisations qui acceptent des volontaires européens ont conscience des difficultés linguistiques et de compréhension du programme, et agissent avec patience.

Opportunité personnelle et professionnelle

Pendant mon volontariat, j’ai pu travailler dans différents domaines : la gestion de projets, le financement et l’administration, ainsi que la communication, avec notamment des traductions d’articles, la mise à jour d’une base de données des bénéficiaires des projets.

J’ai beaucoup aimé me rendre sur le terrain, afin de visiter des projets et rencontrer les partenaires : cela permet de se rendre compte combien le travail réalisé en amont est important pour que la réalisation se passe bien, de prendre conscience de l’importance de la coopération transfrontalière. J’ai ainsi pu suivre le projet Jacobaccess, consacré aux chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle d’un côté et de l’autre de la frontière, qui vise à rendre les lieux culturels du parcours accessibles aux personnes en situation de handicap.

Le fait d’avoir pu participer au cycle de vie d’un projet d’un point de vue institutionnel m’a vraiment donné envie de travailler dans la gestion de projets européens. L’initiative IVY est une opportunité personnelle et professionnelle à ne pas laisser passer. On apprend beaucoup en partant à l’étranger, en rencontrant de nouvelles personnes, en apprenant à travailler différemment. On en revient avec une plus grande capacité d’adaptation.

Il ne faut pas avoir peur de partir, l’expérience est enrichissante pour nous et pour les organisations qui nous accueillent. Notre motivation et notre regard nouveau construiront l’Europe de demain ! »

« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures

Alors que les lycéens ont commencé, le 22 mai, à recevoir des réponses concernant leurs vœux d’orientation formulés de janvier à mars sur la nouvelle plate-forme d’admission post-bac, Parcoursup 2018, Le Monde Campus propose reportages, décryptages, tchats, à retrouver dans ses sous-rubriques Parcoursup APB et Etudes supérieures.

Retrouvez également des vidéos, témoignages et enquêtes réalisés dans le cadre de nos conférences « O21/S’orienter au 21e siècle », qui se sont tenues entre novembre et mars à Nancy, Lille, Nantes, Bordeaux et Paris, dans notre rubrique O21.