LES CHOIX DE LA MATINALE

En cette fin de semaine, pourquoi ne pas rire avec Frédérick Sigrist, un « mec bien », au Funambule Montmartre ; faire un tour en Suisse pour le festival La Cour des contes à Plan-les-Ouates, près de Genève ; écouter du jazz à la Cité de la musique-Philharmonie de Paris ; assister à la présentation de l’atelier de Gisèle Vienne avec les élèves de l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette à Charleville-Mézières ; voir la reprise de l’opéra d’Henri Rabaud Mârouf, savetier du Caire, mis en scène par Jérôme Deschamps à l’Opéra-Comique ; (re) découvrir une triplette de pièces et de compositeurs chorégraphiée par Anne Teresa De Keersmaeker au Palais Garnier.

HUMOUR. Frédérick Sigrist est (vraiment) un mec drôle au Funambule, à Paris

TEASER - FREDERICK SIGRIST "TOUT LE MONDE CROIT QUE JE SUIS UN MEC BIEN"
Durée : 00:42

Après son très bon Manuel de survie dans l’isoloir, l’humoriste, également chroniqueur sur France Inter, revient avec un nouveau spectacle en forme de thérapie collective. A son psy imaginaire, le comédien confesse : « Tout le monde croit que je suis un type bien. » Derrière ce titre en forme de bilan, le tout juste quadragénaire s’emploie à démontrer avec talent et drôlerie que l’on vit rarement en respectant toutes ses convictions et ses principes. Son seul-en-scène séduit par sa sincérité, sa lucidité et par le regard incisif porté sur notre époque. En confiant ses contradictions de mari, d’écologiste et de féministe, en ne cachant rien de ses interrogations sur l’éducation de ses enfants et sur son positionnement politique, Frédérick Sigrist parle de nous et de nos difficultés à mettre nos actes en adéquation avec nos discours. Si, comme l’humoriste l’annonce, « il vous est arrivé de vous opposer à la réforme du code du travail mais de rentrer chez vous en Uber, de dénoncer la mondialisation avec des Nike aux pieds et un iPhone à la main, de réclamer le droit à la vie privée en postant des photos de vos enfants sur Facebook », ce spectacle est effectivement fait pour… nous tous ! Sandrine Blanchard

« Tout le monde croit que je suis un mec bien », de et par Frédérick Sigrist, du mercredi au samedi à 19 h 30, le dimanche à 17 h 30, jusqu’au 17 juin, au Théâtre Le Funambule Montmartre, 53, rue des Saules, Paris 18e. Tél. : 01-42-23-88-83. Durée : 1 h 30. Tarifs : de 11 € à 29 €.

FESTIVAL. La Cour des contes devient le centre du monde, à Plan-les-Ouates (Suisse)

Pour sa 21e édition, le festival La Cour des contes a mis l’accent sur l’ouverture aux autres pays en invitant des conteurs et conteuses venus de toute l’Europe (Belgique, Ecosse, Italie, Irlande, etc.) mais aussi du Québec. Le public pourra ainsi, sans quitter Plan-les-Ouates (dans le canton de Genève), voyager aux quatre coins de la planète grâce aux histoires sans frontières narrées par les uns et les autres, la plupart en français, mais certaines aussi en italien, en anglais, en arabe, en néerlandais et même en langue des signes. Il y aura des propositions pour toutes les catégories de spectateurs, y compris les plus jeunes, avec une programmation spécifique intitulée « Bambino » et destinée aux enfants dès l’âge de 18 mois. Mais également pour toutes les bourses, avec six spectacles gratuits et trois rendez-vous baptisés « 1 soirée 2 contes » avec un tarif spécial pour voir deux spectacles l’un après l’autre. Des ateliers, des animations gratuites et un stage (réservé aux professionnels et aux amateurs aguerris) viennent compléter ce programme alléchant, qui devrait permettre à cette édition 2018 de franchir de nouveau le cap des 5 000 spectateurs déjà dépassé par la précédente. Cristina Marino

Festival La Cour des contes, du 27 avril au 6 mai, à Plan-les-Ouates/Genève (Suisse). Tél. (renseignements uniquement) : +41- (0)-22-884-64-60. Tarifs différents en fonction des spectacles.

MUSIQUES. Du jazz à foison à la Cité de la musique-Philharmonie de Paris

Christian McBride Big Band - Gettin’ To It - Bringin' It - 01
Durée : 06:38

Série de concerts organisés à la Cité de la musique-Philharmonie de Paris, au Parc de La Villette, sous l’intitulé de « Jazz at the Philharmonie », le programme annoncé ce week-end a belle allure avec trois propositions. La première, le duo du percussionniste Minino Garay et du pianiste Baptiste Trotignon, samedi 28 avril, à 18 heures, et dimanche 29, à 16 heures, au Studio de la Philharmonie. Dimanche, le Christian McBride Big Band sera à la Cité de la musique (18 heures) avant la Drum Battle, dans la grande salle de la Philharmonie (20 h 30), qui permettra d’entendre trois batteurs, Eric Harland, André Ceccarelli et Nasheet Waits, avec le pianiste Pierre de Bethmann, le contrebassiste Thomas Bramerie, les saxophonistes Mark Turner et Baptiste Herbin et le trompettiste Stéphane Belmondo. Sylvain Siclier

« Jazz at the Philharmonie », Cité de la musique-Philharmonie de Paris, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de-Pantin. Duo Garay/Trotignon, 30 € ; McBride Big Band, de 25 € à 35 € ; Drum Battle, de 22 € à 40 €.

MARIONNETTES. Gisèle Vienne de retour sur les bancs de l’école, à Charleville-Mézières

La chorégraphe, plasticienne et metteuse en scène Gisèle Vienne. / P. CHIHA

Née en 1976, l’artiste franco-autrichienne Gisèle Vienne, à la fois chorégraphe, plasticienne et metteuse en scène, s’est formée, après des études de philosophie et de musique, à l’Ecole nationale supérieure des arts de la marionnette (Esnam), à Charleville-Mézières (Ardennes). Elle a fait partie de la quatrième promotion de cette prestigieuse institution (entre 1996 et 1999). Elle y revient, du 16 au 27 avril, le temps d’animer un atelier avec les élèves de la onzième promotion (2016-2019) autour de l’un de ses spectacles, The Ventriloquists Convention, présenté en 2015 à Nanterre-Amandiers, en collaboration avec le Puppentheather Halle, dans le cadre du Festival d’automne. Accompagnée de deux de ses interprètes, Jonathan Capdevielle et Kerstin Daley-Baradel, Gisèle Vienne va diriger les étudiants dans une réécriture de sa pièce conçue à l’origine pour neuf marionnettistes-ventriloques, pour leur permettre de s’approprier le matériau originel et de réinventer les personnages en fonction de leurs propres sensibilités. Une présentation publique de fin d’atelier aura lieu le 27 avril dans les locaux de l’Esnam en entrée libre et gratuite. L’occasion de découvrir ce pôle particulièrement dynamique et mondialement reconnu qu’est l’Institut international de la marionnette (IIM) dont dépend l’Esnam. C. Mo.

« Workshop Gisèle Vienne », présentation publique de fin d’atelier, à l’Esnam, 7, place Winston-Churchill, Charleville-Mézières (Ardennes), vendredi 27 avril à 19 heures. Entrée libre et gratuite.

OPÉRA. Le retour du pétillant « Mârouf, savetier du Caire » à l’Opéra-Comique, à Paris

« Mârouf, savetier du Caire », d’Henri Rabaud, mis en scène par Jérôme Deschamps à l’Opéra-Comique. / PIERRE GROSBOIS

En juin 2013, l’Opéra-Comique renouait avec l’un de ses succès de 1914 : Mârouf, savetier du Caire, un opéra d’Henri Rabaud. La mise en scène vive et colorée de Jérôme Deschamps ramenait à la vie le pauvre savetier cairote sauvé par la fille du sultan de Kaïthan selon la trame tirée par le librettiste Lucien Népoty d’une nouvelle traduction plus érotique des Mille et Une Nuits. De naufrage conjugal en échouage maritime, Mârouf, maltraité par une femme acariâtre, finissait par trouver amour et fortune dans les bras de la princesse Saamcheddine. Bien sûr, la savoureuse peinture musicale de l’Orient, qui régalait le public d’une France coloniale puissante et repue, a laissé place à un tour parodique plus acidulé, et l’on entend différemment, modulés à l’aune des « printemps arabes » et du djihadisme, les chants du muezzin invitant à la prière. Mais la performance vocale et scénique du baryton français Jean-Sébastien Bou dans le rôle-titre, une musique inventive et enlevée dirigée par Marc Minkowski, qui avait programmé la production en février à l’Opéra de Bordeaux, donnent toute légitimité à la reprise de ce pilier injustement oublié du répertoire. Marie-Aude Roux

« Mârouf, savetier du Caire », d’Henri Rabaud. Jérôme Deschamps (mise en scène), Orchestre national de Bordeaux-Aquitaine, Marc Minkowski (direction). Opéra-Comique, place Boieldieu, Paris 2e. Jusqu’au 29 avril. Tél. : 08-25-01-01-23. Tarifs : de 6 € à 135 €.

DANSE. La triplette gagnante d’Anne Teresa De Keersmaeker à l’Opéra national de Paris

« Quatuor n°4 », de Bela Bartok, chorégraphié par Anne Teresa de Keersmaeker, saison 2015-2016 de l’Opéra national de Paris. / AGATHE POUPENEY / ONP

Anne Teresa de Keersmaeker est de retour à l’Opéra national de Paris avec une triplette de pièces et de compositeurs Bartok/Beethoven/Schönberg, composant une soirée chorégraphique de premier choix couvrant dix ans de travail, de 1986 à 1995. Quatuor n° 4, de Bela Bartok, reste une claque esthétique avec ses quatre filles en jupes noires claquant du godillot. Die Grosse Fuge, de Ludwig van Beethoven, jette un groupe d’hommes et une femme dans une explosion d’énergie acrobatique. Verklärte Nacht, d’Arnold Schönberg, plus théâtral, distribue quatorze danseurs dans un jeu de couples qui finit mal. Ce programme déjà à l’affiche de l’Opéra national de Paris dans l’interprétation de la troupe maison propose un point de vue passionnant sur le trajet de la chorégraphe flamande en valorisant les facettes des danseurs de l’institution parisienne. Rosita Boisseau

Anne Teresa De Keersmaeker, Bartok/Beethoven/Schönberg. Palais Garnier, Paris 9e. Du 27 avril au 12 mai, à 19 h 30. Tarifs : de 12 € à 110 €.