La Philarmonie de Paris. / william beaucardet

Le projet avait été publiquement évoqué en novembre 2017 et la fuite du plan gouvernemental Action Publique 2022 concernant le ministère de la Culture. Vendredi 27 avril, la Ville de Paris et l’Etat, principales tutelles de l’Orchestre de Paris, ont annoncé avoir confié à Laurent Bayle, directeur général de la Philharmonie de Paris, la mission de
« concevoir et préparer l’intégration harmonieuse de l’Orchestre de Paris au sein de la Cité de la Musique - Philharmonie de Paris. »

La fusion structurelle de la formation symphonique créée en 1967 par le ministre de la Culture André Malraux pour « jouer un rôle de premier plan dans la vie musicale parisienne et nationale » et « assurer dans les pays étrangers le prestige musical de Paris et de la France » (article premier des statuts) devrait fortifier la position stratégique et le rayonnement de l’orchestre. Son identité sera préservée « ainsi que le lien avec son public fidèle, tout en renforçant ses moyens et son rôle en matière de démocratisation de la culture ».

Inquiétudes

Cette mutation n’est évidemment pas sans susciter moult inquiétudes, que ce soit dans les rangs des musiciens ou de l’administration soumis au statut associatif Loi 1901 : perte d’autonomie, changement de statut, baisse de visibilité, voire licenciements. Mais le projet a pour lui une garantie. Au contraire de la fusion maintes fois envisagée entre les deux orchestres de la Maison de la Radio, dont la menace s’est éloignée, il n’obéit pas à des contraintes économiques et ne devrait pas toucher aux conditions de travail prévues par l’accord d’entreprise conclu au sein de l’association, lesquelles « seront intégralement préservées », affirme-t-on du côté de la Philharmonie. Même chose pour le personnel administratif (une trentaine de personnes), a priori redéployées dans les différents services de l’établissement public, une partie de l’équipe restant spécifiquement attachée à l’orchestre.

Reste la question de la direction artistique. La Philharmonie sera en effet partie prenante de la nomination du chef d’orchestre qui devra succéder rapidement à Daniel Harding, lequel a annoncé en janvier son intention de jouer les filles de l’air dès la fin de son premier mandat de trois ans qu’il ne renouvellera pas. Laurent Bayle devrait donc participer au choix du successeur de Daniel Harding qui quittera ses fonctions de directeur musical à l’issue de la saison 2018- 2019, stipule la lettre de mission. Une lettre qui ne dit rien au sujet de la programmation musicale actuellement élaborée en collaboration avec les membres de l’équipe dirigée par Bruno Hamard.

Les bons résultats de la phalange parisienne depuis 2015

Selon nos informations, la saison de l’Orchestre de Paris devra en effet se construire en concertation avec les forces artistiques de la Philharmonie et tenir compte de ses orientations thématiques. Ceci afin d’harmoniser l’offre d’une part, de clarifier la perception du grand public de l’autre, et de ne pas fragiliser « le formidable succès de la Philharmonie de Paris, auquel il a grandement contribué en sa qualité d’orchestre-résident principal. » La phalange parisienne, qui affiche de bons résultats depuis 2015, grâce notamment à une tarification très attractive, n’aura qu’à se féliciter de la synergie déployée par une politique générale dynamique de grands chefs et de grandes formations invités.

Face à ce nouveau challenge, le patron de la Philharmonie (renouvelé pour cinq ans en 2016) possède un atout de taille. N’a-t-il pas été en 2012 la cheville ouvrière d’un premier mariage heureux, celui de l’orchestre et de la salle de la Philharmonie du Luxembourg, dont il avait réalisé l’étude préparatoire ? A Paris, les discussions devraient commencer avant l’été afin d’assurer la mise en place du projet dès janvier 2019.