La chancelière allemande et le président américain, qui se rencontrent vendredi, s’étaient déjà vus à Washington en mars 2017. / Pablo Martinez Monsivais / AP

La chancelière allemande, Angela Merkel, n’aura le droit qu’à « un déjeuner de travail » avec le président américain, Donald Trump, vendredi. Loin des fastes réservés au président français durant les trois jours qu’a duré la visite d’Etat de ce dernier. L’absence d’alchimie personnelle entre les deux dirigeants n’explique pas à elle seule ce traitement a minima. Selon le New York Times, en quelques mois marqués par une victoire électorale à l’arraché, Angela Merkel a perdu sa stature de leader de l’Europe, « garante de l’ordre mondial libéral, contrepoids à M. Trump ». Une place désormais dévolue dans l’esprit du président américain à Emmanuel Macron.

Les enjeux de la visite de Mme Merkel recouvrent en partie ceux du président français : préserver l’accord sur le nucléaire iranien et éviter une guerre commerciale. Mais pour l’Allemagne, qui affiche un excédent commercial avec les Etats-Unis – point central de crispation pour M. Trump –, le deuxième sujet est encore plus crucial. Pourtant à la veille de la rencontre, les autorités allemandes ne se faisaient guère d’illusions sur la volonté du locataire de la Maison Blanche de revenir sur les taxes commerciales sur les importations d’acier et d’aluminium aux Etats-Unis ; elles devraient entrer en vigueur le 1er mai. Elles s’attendaient même à « une escalade », explique Die Zeit. Si les taxes sont appliquées, l’Union européenne lancera ses mesures de représailles.

Dans ce contexte particulièrement tendu, le Pew Research Center et la fondation allemande Körber ont interrogé Américains et Allemands sur la vision qu’ils ont les uns des autres. Parmi les enseignements de cette enquête, à noter la distorsion des opinions publiques sur les deux leaders : alors que seuls 11 % des Allemands font confiance à Donald Trump pour mener les affaires du monde – ils étaient 86 % à penser cela de Barack Obama –, 56 % des Américains expriment leur confiance en la chancelière. Plus optimistes, deux tiers des Américains estiment que les relations entre les deux pays sont bonnes, contre seulement 42 % des Allemands.