A l’entrée de la cité du quartier de la Capsulerie, à Bagnolet, un tag recensant les plaques des voitures de police sert d’aide-mémoire aux guetteurs pour les trafics de drogue. / TIPHAINE LE LIBOUX / AFP

C’est un appel à l’aide qu’a lancé le maire de Bagnolet (Seine-Saint-Denis), samedi 28 avril. « Les habitants en ont marre, ils se sentent abandonnés et ils ne se sentent pas en sécurité », a déclaré sur Franceinfo Tony Di Martino, maire socialiste de cette commune de l’est parisien. Des déclarations qui suivent une flambée de violences qui a touché deux quartiers de la ville (La Capsulerie et les Malassis) ces dernières semaines. Elles ont causé jusqu’ici trois blessés par balles et plusieurs dizaines de voitures incendiées.

« Tout laisse à penser qu’il s’agit de règlements de comptes liés au point de deal », l’un des principaux de Seine-Saint-Denis, a confié une source proche de l’enquête à l’Agence France-Presse (AFP). Le risque de « surenchère » inquiète les élus et les habitants, qui pressent les autorités d’agir avant un « mort » ou une « balle perdue », selon l’AFP. « Je n’ai pas le souvenir d’avoir connu une telle situation dans notre ville », a déclaré le maire Di Martino à France Bleu, en évoquant une « guerre de territoires » entre trafiquants.

CRS déployés en renfort

La Capsulerie, le quartier théâtre des violences, est connue pour son trafic de drogue important. « Les clients viennent de toute la région parisienne, de tous les milieux », a expliqué la police à l’AFP. Il n’est cependant pas le seul quartier touché. Entre mardi et vendredi, quinze véhicules ont été brûlés dans le quartier des Malassis, rapporte France bleu.

Pour l’heure, la préfecture a déclaré avoir pris en compte la « situation de violence » et a assuré qu’une présence policière renforcée serait maintenue « jusqu’à nouvel ordre ». Depuis le 25 avril, des CRS ont été déployés en renfort dans le quartier de la Capsulerie.

Une présence policière insuffisante selon le maire Di Marino, qui déplore la seule existence d’un commissariat subdivisionnaire dans la ville, et l’inaction des pouvoirs publics sur la question.

Il est rejoint sur ce point par le député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, qui a souligné à Franceinfo le besoin de renforts policiers à Bagnolet, en plus de la brigade de 15 agents (groupe pour la sécurité du territoire - GST) déployée il y a un an. L’association d’habitants et plusieurs élus réclament aussi, depuis des années, l’ouverture d’un commissariat de plein exercice.

Des moyens supplémentaires

Mais pour les élus, il ne peut s’agir d’une réponse suffisante. Alexis Corbière a ainsi dénoncé la fermeture ou le manque de moyens de plusieurs services publics à Bagnolet, et a estimé que « les réponses de sécurité ne [pouvaient] pas être les seules dans un quartier où les habitants ont un sentiment de relégation ».

« On a besoin de crédit en matière de droit commun, pour les politiques culturelles, pour nos écoles. Et il va falloir que l’État en prenne conscience […] », a renchéri le maire de Bagnolet sur Franceinfo. Tony Di Martino et Alexis Corbière ont demandé une audience au ministre de l’intérieur Gérard Collomb, pour « lui montrer l’étendue de la situation » et des violences des dernières semaines, a assuré le député LFI, deux jours après la remise au gouvernement du rapport Borloo sur la politique de la ville.