Au Brésil, deux blessés dans des tirs contre les supporteurs de Lula
Au Brésil, deux blessés dans des tirs contre les supporteurs de Lula
Le Monde.fr avec AFP
L’attaque, qui s’est produite samedi à l’aube, visait une veillée de soutien l’ancien président à Curitiba, où il est emprisonné.
Un campement de supporters pro-Lula est installé depuis début avril à Curitiba. / RODOLFO BUHRER / REUTERS
Le jour ne s’était pas encore levé sur Curitiba, capitale de l’Etat du Parana au Brésil, samedi 28 avril, quand le tireur a vidé son chargeur sur les manifestants installés depuis début avril dans un campement à proximité de la cellule de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, dont ils contestent la condamnation à plus de 12 ans de prison pour des faits de corruption. Une vingtaine de tirs ont été recensés selon les dires du Parti des travailleurs (PT, gauche).
Au moment de tirer, l’homme aurait crié « Bolsonaro », le nom du député d’extrême droite, précandidat à la présidentielle d’octobre et fervent opposant de Lula. Une vidéo du tireur prise par des caméras de surveillance a été diffusée dans la soirée.
Deux personnes ont été blessées lors de l’attaque. L’une d’elle, Jefferson Lima de Menezes, 38 ans, aurait été atteinte par une rafale dans la nuque. Transporté à l’hôpital, conscient, l’homme serait dans un état grave, a précisé la présidente du PT, Gleisi Hoffmann dans une vidéo diffusée dans la matinée de samedi. Membre du syndicat des motoboy (livreurs à moto) de la banlieue dite « ABC » de Sao Paulo, fief de Lula, il s’occupait de la sécurité du campement, selon le secrétariat à la santé du Parana, cité par le site du quotidien Folha de Sao Paulo. L’autre blessée, Marcia Koakoski, est une femme de 42 ans. Elle aurait reçu des éclats provenant de toilettes chimiques visées par les tirs et ses plaies seraient sans gravité.
Sécurité renforcée
Une enquête a été ouverte. Elle sera aussi rapide que possible, ont assuré les forces de l’ordre, lors d’une réunion tenue avec le président du PT de l’Etat du Parana. La sécurité sera aussi renforcée lors des manifestations prévues pour le 1er mai.
« Jefferson risque la mort », a rappelé, choquée, Gleisi Hoffmann dans sa vidéo. Regrettant les tensions qui, selon elle, se sont installées depuis l’« impeachment » (destitution) controversée de Dilma Rousseff, la dauphine de Lula en 2016, la sénatrice évoque un pays dont les valeurs démocratiques seraient peu à peu « jetées à terre ». « La situation est grave, dit-elle, mais ce n’est pas cette lâcheté qui nous obligera à renoncer ».
Les manifestants pourraient changer de lieu mais ne devraient pas cesser leur action, présentée comme un acte de résistance pacifique envers la condamnation de leur idole, qu’ils estiment victime d’une persécution judiciaire.
« Agressivité »
L’attaque survenue quelques semaines après les tirs adressés à la caravane de Lula, à l’époque en précampagne électorale dans la région, atteste de la radicalisation effrayante d’une partie du Brésil que l’emprisonnement de l’idole de la gauche n’a pas apaisé.
« En 26 ans de vie publique je n’ai jamais vu ça. Nous avons toujours eu des disputes politiques et idéologiques, mais jamais je n’ai vu une agressivité de cette taille dans le Parana et dans tout le Brésil », a affirmé docteur Rosinha, le président du PT dans le Parana. « Ce qui m’inquiète beaucoup c’est cette apologie de la violence faite par un candidat à la présidence de la République », a-t-il poursuivi, refusant de citer de nom.
« Lula est vu à tort comme un facteur de tensions, il est au contraire un facteur d’apaisement, de réconciliation dans le pays », expliquait il y a quelques semaines l’analyste politique Mathias de Alencastro.
Favori du scrutin présidentiel même depuis son emprisonnement, Lula de son côté se serait dit confiant « que la vérité vaincra » sans se faire d’illusion a rapporté sa fille Lurian Cordeiro da Silva, venue lui rendre visite.