Nikol Pachinian, à droite, avec des membres du Parlement, à Erevan, le 30 avril. / KAREN MINASYAN / AFP

A un journaliste arménien malicieux qui, le 1er avril, avait demandé à des parlementaires d’inventer à son micro les « poissons » les plus énormes, un député avait répondu : « Nikol Pachinian deviendra premier ministre. » Tout le monde avait éclaté de rire. Moins d’un mois plus tard, c’est devenue une probabilité, même s’il demeure une part de suspense.

Le rapport des forces au Parlement, composé de 105 sièges et chargé d’élire un premier ministre en remplacement de Serge Sarkissian, qui a démissionné le 23 avril sous la pression de la rue, lui est pourtant a priori défavorable. Pour être élu, Nikol Pachinian doit obtenir 53 voix. Or, sa coalition Yelk (« sortie ») ne dispose que de 9 députés. Et le Parti républicain de M. Sarkissian en a 58. Cependant, deux partis ont annoncé qu’ils voteraient pour lui : Arménie prospère, qui a 31 sièges, et la Fédération révolutionnaire, qui en compte 7. Cela l’assure donc d’un total de 47 voix.

Or voilà que, après avoir renoncé samedi à présenter un candidat, le parti majoritaire a déclaré dimanche, par la voix de Vahram Baghdassarian, le chef de son groupe parlementaire, qu’il n’entraverait pas « l’élection du candidat du peuple » si tous les groupes d’opposition soutenaient sa candidature. Cette déclaration a rempli d’espoir les partisans de Nikol Pachinian, qui redoutaient un boycottage du Parti républicain de nature à bloquer l’élection, forçant le Parlement à organiser un second tour, puis, faute d’accord, à provoquer sa dissolution et de nouvelles élections législatives, qu’il contrôlerait lui-même dans la grande tradition des fraudes et des pressions de toutes sortes.

Lors d’un meeting, dimanche soir, M. Pachinian a confié son optimisme et son intention de consacrer son lundi à des rencontres de parlementaires. Le 1er mai 2018, assure-t-il, promet d’être un jour historique dans l’histoire du pays : « Les Arméniens ne se laisseront plus jamais voler d’élection. »