Plus de 1 200 manifestants, bergers, agriculteurs et élus de tous bords, ont défilé lundi 30 avril à Pau pour s’opposer à la réintroduction d’ourses dans les Pyrénées-Atlantiques. Le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, avait annoncé à la fin de mars qu’il souhaitait réintroduire deux ourses dès cet automne dans le département pour assurer la pérennité de l’espèce. Mais les opposants estiment que la présence des ours et les activités humaines, notamment pastorales, ne sont pas compatibles.

« Stop ours », « Hulot, l’écologie qui se déplace en hélico », pouvait-on lire sur les banderoles tendues sur les tracteurs des manifestants, certains venus d’Ariège ou de la province espagnole voisine d’Aragon, tandis que des bergers avaient pendu des ours en peluche au bout de leurs bâtons. « Non, M. Hulot, vous n’aurez pas la peau des bergers ! », a lancé du haut d’une tribune improvisée face à la préfecture des Pyrénées-Atlantiques Olivier Maurin, président de l’Association pyrénéenne pour le développement durable de l’identité des Pyrénées (Addip).

« Plus de 600 bêtes tuées en 2017 par les ours »

Des parlementaires, la sénatrice socialiste Frédérique Espagnac, le sénateur Les Républicains Max Brisson ou encore le député Jean Lassalle (non inscrit), lui-même ancien berger, s’étaient joints à la manifestation, mais ne faisaient pas partie de la délégation reçue par le préfet. « En Ariège, dans les vallées où les ours sont concentrés, les attaques se sont multipliées. Plus de 600 bêtes tuées en 2017 par les ours, pour la majorité des brebis », a déploré Claude Soulas, directeur du centre départemental de l’élevage ovin. Pour lui, « les mesures de protection, barrières, chiens, etc. préconisées par le gouvernement sont totalement inefficaces ».

A la fin de mars, Nicolas Hulot avait annoncé qu’il souhaitait réintroduire deux ourses dans les Pyrénées-Atlantiques car il ne reste que deux mâles dans ce département. Cannelle, la dernière représentante de l’ours de souche des Pyrénées, avait été tuée par un chasseur en 2004. La décision avait été prise un an après une consultation en ligne sur la conservation de l’ours brun dans les Pyrénées qui avait réuni 6 000 personnes en trois semaines. Quelques jours avant l’annonce de Nicolas Hulot, l’Etat avait été condamné à Toulouse pour n’avoir pas suffisamment protégé l’ursidé dans les Pyrénées.

Après une réintroduction en 1996-1997 de trois ours slovènes non loin de la frontière avec l’Espagne, puis de cinq autres en 2006 (dont un est mort), le nombre d’ours dans les Pyrénées est évalué à 39, principalement dans le centre du massif.