L’hôtel de ville de Paris, lors de la Nuit blanche 2017. | Monasterolo Bernard

Des performances artistiques sur « des portions du périphérique » lors de l’édition 2019 de la Nuit blanche : voilà ce qui a été médiatiquement retenu à l’issue de la présentation, jeudi 26 avril par Bruno Julliard, premier adjoint de la maire de Paris chargé de la culture, de la prochaine « communication » consacrée à la culture, quatre ans après l’élection d’Anne Hidalgo.

Pourtant, cet état des lieux des projets de la politique culturelle parisienne, qui doit être détaillé mercredi 2 mai lors du Conseil de Paris, comporte d’autres choses que cette idée de « réinventer » la Nuit blanche, pour l’heure soumise à des discussions avec la préfecture de police. « Nous souhaitons faire une Nuit blanche métropolitaine et renouveler l’événement en investissant d’autres lieux », explique le premier adjoint socialiste chargé de la culture pour justifier cette fermeture exceptionnelle et partielle du périphérique.

Avant de savoir si, dans un an et demi, les noctambules pourront flâner sur quelques tronçons de ce boulevard circulaire, la culture à Paris, assure Bruno Julliard, « entre dans une ère nouvelle ». Après la construction du Centquatre et de la Philharmonie de Paris, après la rénovation ou la transformation du cinéma Le Louxor, de la Maison des métallos et de la Gaîté-Lyrique, l’heure n’est plus aux inaugurations. « Sur dix ans de mandat de la gauche, beaucoup de nouveaux équipements développés dans l’est et le nord de Paris ont permis de rééquilibrer l’offre culturelle, mais il faut plusieurs mois, voire années pour que chacun d’entre eux trouve une identité et un public », reconnaît le premier adjoint.

« Les publics », maître-mot du discours municipal

Si la Philharmonie rencontre, constate-t-il, « un immense succès », si le Centquatre « fonctionne désormais et associe pleinement les habitants du quartier », si le cinéma Le Louxor « marche bien » et si la Maison des métallos – qui aura bientôt une nouvelle directrice – a une fréquentation « satisfaisante », en revanche Bruno Julliard se dit « beaucoup plus réservé » sur la Gaîté-Lyrique. Dans l’attente d’un nouveau directeur après la démission de Marc Dondey, ce centre culturel, spécialisé dans les cultures numériques, n’a pas encore trouvé son modèle. « Il faut ouvrir les esthétiques pour diversifier les publics », estime le premier adjoint.

« Les publics », maître-mot du discours municipal, auquel Bruno Julliard associe une promesse aux accents vitéziens : « une ambition élitaire pour tous ». Dans la foulée de la réforme des conservatoires (où 3 000 places supplémentaires doivent être créées d’ici à 2020), 3,5 millions d’euros seront consacrés à l’acquisition d’instruments de musique. En outre, s’alignant sur la volonté du ministère de la culture d’étendre les horaires d’ouverture des bibliothèques, dix médiathèques, sur les cinquante-huit que compte la capitale, seront ouvertes le dimanche d’ici à 2020, contre sept actuellement (et trois en début de mandature).

« L’ouverture dominicale, ça marche, cela permet d’attirer un public familial »

« Ces dix établissements sont des pôles importants qui correspondent, en mètres carrés, à 40 % des surfaces de toutes les bibliothèques », précise Bruno Julliard. « L’ouverture dominicale, ça marche, assure-t-il, cela permet d’attirer un public familial ». Ces ouvertures ont été rendues possibles grâce à un accord basé sur le volontariat des personnels, une prime de 100 euros brut par dimanche travaillé, la création d’une équipe « volante » et le renfort d’étudiants. « Ouvrir sept médiathèques le dimanche représente un coût annuel de 1,5 million d’euros et une participation de l’Etat à hauteur de 300 000 euros », détaille Claire Germain, la nouvelle directrice des affaires culturelles, en soulignant que les bibliothèques parisiennes ont accueilli six millions de visiteurs en 2017.

Pour financer la création artistique, la mairie va lancer le « 1 % marché de l’art » avec le Crédit municipal de Paris (CMP) : 1 % du chiffre d’affaires du CMP sera réservé, dès 2019, à des actions de soutien à la création, soit environ 200 000 euros. « Nous espérons convaincre les grandes maisons parisiennes privées de vente aux enchères de s’engager à nos côtés et d’appliquer elles aussi ce 1 % marché de l’art », appelle de ses vœux le premier adjoint.

Estimant que « le partenariat public-privé dans la culture va de soi », Bruno Julliard a également indiqué que la Ville de Paris entend « développer et renforcer le soutien aux théâtres privés ». Dès cette année, 200 000 euros supplémentaires (sur un budget de 2,9 millions) seront versés à l’Association pour le soutien au théâtre privé, qui regroupe une cinquantaine de salles.

Enfin, comme ce fut le cas à Londres (Royaume-Uni) et Rio de Janeiro (Brésil), des « Olympiades culturelles » devraient être organisées à Paris dès 2020 et jusqu’aux Jeux olympiques de 2024.