Chose rare en ces temps de désunion syndicale, Laurent Berger (CFDT), Philippe Martinez (CGT), Pascal Pavageau (FO), Philippe Louis (CTFC) et Luc Bérille (UNSA), les cinq numéros un des syndicats français membres de la Confédération européenne des syndicats (CES), ont pris la plume pour s’adresser à Emmanuel Macron dans un courrier qui devait être envoyé mercredi 2 mai. L’objectif : appeler le chef de l’Etat à soutenir un projet de directive européenne, proposée par la Commission de Bruxelles et actuellement en discussion au Conseil de l’Union européenne, qui améliorerait notamment l’indemnisation du congé parental en France.

Cette lettre, que Le Monde a pu consulter, est aussi paraphée par Luca Visentini, le secrétaire général de la CES. « Les politiques d’austérité et de flexibilité du marché du travail développées dans l’Union européenne suite à la crise pénalisent directement les femmes », écrivent-ils, jugeant « déterminante » cette directive sur l’équilibre vie privée-vie professionnelle « pour garantir l’autonomie économique des femmes, leur égal accès au marché du travail et un autre partage des tâches ». Ces derniers rappellent à M. Macron qu’il a fait de l’égalité entre les femmes et les hommes « une grande cause nationale » et qu’à plusieurs reprises, il a souhaité que « la France soit exemplaire à l’échelle internationale ».

396 euros par mois

Le 16 avril, une cinquantaine d’associations avaient déjà publié une lettre ouverte au président de la République dans le même but. Le projet de directive souligne que l’actuelle directive sur le congé parental ne garantissant pas d’allocation, « de nombreuses familles ne peuvent pas se permettre de le prendre » et que « cette question a une incidence majeure sur la prise de ce congé par les pères ». Pour tenter d’y remédier, il prévoit un congé parental de quatre mois non transférable et payé au niveau des indemnités journalières de maladie, soit 50 % du salaire en France, alors qu’il est actuellement plafonné dans l’Hexagone à 396 euros par mois.

Mais le 17 avril, devant le Parlement européen, M. Macron s’est opposé à cette proposition. « Les congés parentaux payés au niveau de l’indemnité maladie journalière, c’est une belle idée mais qui peut coûter très cher et finir par être insoutenable », a déclaré le chef de l’Etat, estimant que « les modalités ainsi décrites telles qu’elles sont analysées sur le système français ont un coût qui est potentiellement explosif ». Les associations signataires de la lettre du 16 avril avait, elles, calculé que ce « coût serait limité pour les finances publiques, voire nul », car « il réduirait la pression sur le système d’accueil du jeune enfant ». Pour les leadeurs syndicaux, il s’agirait aussi de « mettre les paroles en adéquation avec les actes ».