Le président français et le premier ministre australien visitaient mercredi 2 mai le chantier naval de Garden Island, à Sydney. / BRENDAN ESPOSITO / AP

Emmanuel Macron, en visite officielle en Australie, et le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, ont annoncé mercredi 2 mai la signature d’accords institutionnels et de contrats commerciaux. Les deux hommes, qui venaient de s’entretenir à Admiralty House, la résidence officielle du premier ministre australien, ont notamment annoncé avoir signé un « accord bilatéral relatif à la fourniture de soutien logistique mutuel » entre les forces armées des deux pays.

Un accord sur la cybersécurité a aussi été « acté », par une « lettre d’intention » visant à renforcer la coopération entre l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) française et le centre de cybersécurité australien (ACSC).

Le président français a aussi rappelé, concernant la livraison signée de 2016 de douze sous-marins à l’Australie, que « le premier ministre Turnbull (…) pouvait pleinement compter sur la France pour que cette ambition navale et politique soit une réussite ». Ce contrat historique est par son montant le plus important de l’histoire de l’Australie.

Ils ont également acté la mise en place d’initiatives conjointes sur la lutte contre le réchauffement climatique « pour notre patrimoine commun, le Pacifique », a dit M. Macron. Il a ainsi souligné le rôle joué par le dérèglement climatique sur le développement de la zone Pacifique, qui aurait pour conséquences d’exacerber « les rivalités entre puissances, les tensions identitaires, les trafics de toutes sortes ».

La Chine omniprésente

S’ils ont mis l’accent sur « le dialogue trilatéral Australie-Inde-France », qui a vocation à jouer un rôle central dans cet « axe indo-pacifique », MM. Macron et Turnbull ont toutefois tenu à souligner qu’il ne s’agissait pas d’agir contre la Chine dont la croissance est, selon le président français, « une très bonne nouvelle pour tout le monde ».

Ils ont cependant rappelé qu’il était impératif pour la République populaire de « respecter les règles » en matière de développement, ainsi que la nécessité d’éviter « une hégémonie » dont s’inquiète l’Australie.

La Chine inonde en effet la zone de dons, mais surtout de prêts à taux préférentiels. Entre 2006 et 2016, la Chine a apporté une aide de 1,78 milliard de dollars (1,47 milliard d’euros) dans la région, selon le Lowy Institute, un think tank.

Vanuatu, en particulier, est devenu emblématique de la percée de Pékin, qui y a investi dans plus d’une trentaine de projets. Le 9 avril, une enquête publiée par le Sydney Morning Herald faisait même état de discussions préliminaires entre les gouvernements chinois et vanuatan afin d’établir une présence militaire chinoise permanente dans l’archipel.

« Un partenariat stratégique »

Plus tôt dans l’après-midi de mercredi, Emmanuel Macron et Malcolm Turnbull ont déposé une gerbe sur le principal mémorial de guerre de Sydney à l’occasion du centenaire du corps d’armée australien et néo-zélandais. Le président français y évoquait son objectif de bâtir, aux côtés de l’Australie, « un partenariat stratégique pour les cinquante années à venir ».

M. Macron a à cette occasion remis la Légion d’honneur à trois vétérans australiens s’étant battus en France pendant la seconde guerre mondiale. Il a ainsi salué le « sacrifice australien (…), puissant message en cette époque qui voit fleurir le nationalisme, replié derrière ses frontières et son hostilité au reste du monde ».

Après celle de François Hollande en 2014 à l’occasion du G20 de Brisbane, il s’agit de la seconde visite en Australie d’un président français. La tournée d’Emmanuel Macron dans le Pacifique Sud se poursuivra vendredi par un déplacement en Nouvelle-Calédonie.