Au moins seize personnes ont été tuées à Bangui, mardi 1er mai, lors d’affrontements entre un groupe armé et les forces de sécurité, plongeant la capitale centrafricaine dans un nouveau cycle de violences.

« Des échanges de tirs intenses ont été enregistrés en fin de matinée à Fatima, dans le troisième arrondissement de Bangui, entre les forces de sécurité intérieure et des éléments armés du groupe criminel du dénommé “Force”. Ces derniers auraient ouvert le feu après l’arrestation d’un des leurs par les forces de sécurité intérieure », a annoncé la Minusca, la mission des Nations unies en Centrafrique, dans un communiqué.

Les affrontements ont commencé vers 11 h 30 (10 h 30 GMT) et se sont terminés en fin d’après-midi, selon des journalistes de l’AFP sur place. Selon un bilan provisoire, au moins seize personnes – dont un policier, un prêtre et un enfant – ont été tuées et 96 autres blessées au cours d’échanges de tirs dans les environs du quartier musulman PK5, selon des sources médicales concordantes.

Une mosquée incendiée

L’arrestation d’un membre du groupe de « Force » a provoqué l’attaque de l’église de Fatima, dans le sixième arrondissement de Bangui, au cours d’un office religieux, a indiqué l’ONU dans un communiqué. Ces « actes dignes de la plus grande lâcheté ont conduit à la mort de plusieurs civils, dont celle de l’abbé Albert Tougoumalé-Baba », a-t-elle déploré.

En début d’après-midi, des groupes en colère après la mort du prêtre se sont rassemblés en différents points de la capitale, notamment devant l’hôpital communautaire du quartier Lakounga et au quartier PK0. Deux personnes suspectées d’être des musulmans ont été lynchées à Lakounga, selon une source médicale. Une mosquée a été incendiée par des manifestants dans ce même quartier, où la Minusca a affirmé avoir dépêché une patrouille.

Dans un communiqué, les membres du G5 (Nations unies, Union africaine, Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, Union européenne, France et Etats-Unis) ont condamné « sans réserve » les attaques contre l’église de Fatima et la mosquée de Lakounga.

Selon la Minusca, des « actes hostiles » ont été perpétrés par des individus « ciblant injustement le personnel et les véhicules des Nations unies ». Deux membres de la Minusca ont été agressés au quartier PK0, selon des sources onusiennes.

Tentatives de médiation

Bangui, relativement épargnée par les violences depuis plus d’un an alors que des groupes armés sévissent dans le pays, connaît un regain de violences depuis environ un mois.

Début avril, les forces de sécurité centrafricaines et la Minusca avaient lancé une opération militaire visant à déloger les groupes armés du PK5, s’attaquant notamment aux milices du « général » Force afin de « ramener la paix » dans ce quartier. Au moins deux personnes avaient été tuées dans des affrontements et au moins 56 autres, dont des casques bleus, avaient été blessées. Le 10 avril, au moins 27 personnes et un casque bleu avaient été tués dans des combats au PK5 entre une patrouille mixte casques bleus rwandais/forces armées centrafricaines et les milices du quartier.

En Centrafrique, l’un des pays les plus pauvres du monde, l’Etat ne contrôle qu’une maigre partie du territoire national, tandis que les groupes armés s’affrontent dans les provinces pour le contrôle des ressources, notamment les diamants, l’or et le bétail. Des tentatives de médiation sont en cours, notamment à travers l’Union africaine, qui promeut une feuille de route pour la paix. C’est dans ce cadre qu’un groupe de facilitateurs a rencontré ces dernières semaines la quinzaine de groupes armés qui sèment la violence dans le pays.