Emmanuel Macron a promis la « fermeté » contre les auteurs de violences qui ont éclaté en marge du traditionnel défilé syndical du 1er Mai, qui a rassemblé mardi 20 000 personnes. « Tout sera fait pour que leurs auteurs soient identifiés et tenus responsables de leurs actes », a assuré le président français, en déplacement en Australie, sur Twitter.

Face à environ 1 200 personnes encagoulées de la mouvance radicale d’extrême gauche des black blocs recensées par la préfecture de police, la police a fait usage de tirs de gaz lacrymogènes et de deux lanceurs d’eau. Deux cent soixante-seize d’entre elles ont été interpellées, et cent deux placées en garde à vue.

Le premier ministre Édouard Philippe s’est rendu avec Gérard Collomb en milieu de soirée au commissariat du 13e arrondissement de Paris où étaient survenus les heurts. Il a déploré qu’il y « aura des polémiques ». « Soit on bouge trop vite, soit on bouge pas assez vite, soit il y a trop de monde, soit il n’y a pas assez de monde », a-t-il poursuivi, en répondant aux critiques de l’opposition qui s’était interrogée sur le dispositif policier mis en place. Mais le premier ministre, en remerciant les forces de l’ordre, a « constaté qu’il n’y avait pas de blessés [graves] ».

Plus tôt dans la soirée, dans un communiqué, il avait pointé « l’irresponsabilité des discours radicaux qui encouragent de tels agissements » et salué « le professionnalisme des forces de l’ordre ».

La responsabilité du gouvernement pointée

Cette mise au point a suivi des critiques sévères émises contre le gouvernement par la droite et le Front national (FN). « Ces milices d’extrême gauche devraient être dissoutes depuis bien longtemps. Mais le problème, c’est que le pouvoir de gauche fait preuve à leur égard d’une mansuétude et maintenant on peut presque dire d’une complicité », a ainsi dénoncé la présidente du FN, Marine Le Pen.

Laurent Wauquiez, président des Républicains (LR), a pour sa part regretté de « terribles images pour notre pays », dans un tweet. « Faillite de l’État régalien. Il est urgent de rétablir l’autorité : soutien total à nos forces de l’ordre qui font face à ces voyous », a ajouté le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Le député LR des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, a de son côté estimé que « jamais de telles violences n’avaient été commises à Paris lors d’une manifestation depuis Mai-68 », en raillant « l’autorité de Macron », qu’il a qualifié de « tigre de papier ». Or, de nombreuses manifestations donnent régulièrement lieu à des violences à Paris. Ce fut le cas lors des mouvements contre le contrat d’insertion professionnelle en 1994, le contrat première embauche en 2006 ou la loi travail en 2016.

L’une des porte-parole des Républicains, Lydia Guirous, a également raillé Emmanuel Macron, qui « continue son road show de banquier d’affaires en Australie en oubliant les Français et leur sécurité qui est pourtant sa mission première », en déplorant que « l’État se délite dans Paris ».

Florian Philippot, président des Patriotes, a pour sa part laissé entendre dans un tweet que « le gouvernement a refusé d’anticiper » le « déferlement de violence », « à en croire plusieurs syndicats policiers », qu’il n’a pas nommés.

Des messages contraires à gauche

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a pour sa part fait valoir que « la lutte, ce n’est pas la casse ». « Ceux qui cassent font le jeu de ceux qui refusent d’entendre la lutte. Doublement inexcusable. Doublement condamnable », a-t-il encore tweeté.

Présent à Marseille, où la manifestation a rassemblé 4 200 personnes selon la police, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a dénoncé sur Twitter d’« insupportables violences » à Paris, considérant qu’elles étaient « sans doute   l’œuvre « des bandes d’extrême droite ».

Pas de condamnation, en revanche, chez l’ex-candidat à la présidentielle, Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste, NPA) qui a estimé que les dégradations en marge de la manifestation étaient la traduction d’une « violence légitime » et « semée », selon lui, par le gouvernement. « Mais nous, ce qu’on a envie de dire, c’est que le gouvernement a semé la violence, et il la récolte (…) La violence est l’illustration de cette colère-là ! Il y a un ras-le-bol de cette société-là, il y a des jeunes qui ont envie d’en découdre », a-t-il déclaré sur franceinfo.