Adbel Kiprop, le 30 août 2015. / DAVID J. PHILLIP / AP

L’altitude des hauts plateaux du Rift et l’entraînement à la course dès le berceau apparaît de moins en moins comme le secret des innombrables succès des Kényans dans les épreuves de fond. Une nouvelle vedette de l’athlétisme kényan a été contrôlée positif à l’érythropoïétine (EPO), ont rapporté mercredi 2 mai plusieurs journaux britanniques, renforçant les soupçons sur le fonctionnement d’un sport qui a apporté au pays 38 médailles au cours des trois derniers Jeux olympiques.

Les quotidiens britanniques The Guardian et The Daily Mail, qui cite des « sources athlétiques haut placées », affirment qu’il s’agit d’Asbel Kiprop, considéré à 28 ans comme un des meilleurs coureurs mi-distance de sa génération.

Selon le journal kényan The Standard, qui ne cite aucune identité, ce contrôle positif a eu lieu hors compétition à la fin de 2017.

Selon le Guardian, le Kényan assure qu’il y a eu une erreur avec son échantillon. Dans un message envoyé par Whatsapp à plusieurs médias, il écrit :

« J’ai lu des informations me liant au dopage. Comme athlète, j’ai été à la tête du combat contre le dopage au Kenya, une lutte à laquelle je crois fermement et apporte mon soutien. Je ne voudrais pas détruire tout ce que j’ai construit depuis ma première course internationale en 2007. J’espère que je pourrai prouver que je suis un athlète propre à chaque fois que faire se peut. »

L’Athletics Integrity Unit (AIU), la structure qui gère les questions de dopage au sein de l’athlétisme, n’a pour l’instant pas confirmé l’existence de ce contrôle positif.

L’agent d’Asbel Kiprop, Frederico Rosa, s’est dit « choqué » par ces allégations :

« Je trouve cela très, très étrange, après tellement d’années d’une si incroyable carrière. »

Plus de 40 cas en cinq ans

Asbel Kiprop a été champion du monde du 1 500 m en 2011, 2013 et 2015. En 2008, il est arrivé deuxième du 1 500 m aux Jeux olympiques de Pékin, mais a récupéré la médaille d’or après la disqualification pour dopage du Bahreïni Rachid Ramzi.

Par son importance et sa longévité, Kiprop est une figure tutélaire de l’athlétisme kényan, bouleversé par plusieurs importants cas de dopage ces dernières années.

Depuis 2013, plus de 40 athlètes kényans ont été contrôlés positifs. Parmi eux, les marathoniennes Rita Jeptoo et Jemima Sumgong, positives à l’EPO et suspendues quatre ans chacune. Comme Asbel Kiprop, elles avaient pour agent Federico Rosa.

Le dernier contrôle positif en date, révélé par le Guardian, est celui de Ruth Jebet, championne olympique et recordwoman du monde du 3 000 m steeple, naturalisée bahreïnie, et tombée, elle aussi, pour EPO. Née au Kenya, elle s’entraînait toujours là-bas.

Plusieurs enquêtes de presse ont montré ces dernières années la facilité de se procurer des produits dopants dans les centres névralgiques de l’athlétisme kényan, ainsi que le laxisme des contrôles de l’agence antidopage nationale.

En 2015, l’Agence kényane antidopage avait été jugée non conforme par l’Agence mondiale antidopage (AMA) avant d’être réintégrée juste avant les JO de Rio.

L’efficacité des contrôles au Kenya, menés avec l’aide des agences nationales norvégienne et chinoise, s’est sensiblement améliorée récemment, en témoignent les nombreux contrôles positifs.