Emmanuel Macron en meeting, porte de Versailles, le 10 décembre 2016. / ERIC FEFERBERG / AFP

Hillary Clinton avait de son propre aveu passé six cents heures, soit vingt-cinq jours de la campagne présidentielle, à être coiffée et maquillée pour ses apparitions publiques. Emmanuel Macron a, pour sa part et selon les calculs effectués par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), dépensé 29 042 euros pour trente-cinq séances de maquillage.

Interventions à la télévision, meetings, réunions publiques, la « mise en beauté » du candidat Macron a été un élément important de son dispositif de campagne. Au point de faire tiquer la CNCCFP qui, soupçonnant des « dépenses apparemment personnelles », a demandé à l’actuel président de justifier que ces prestations aient revêtu un caractère électoral. Nicolas Sarkozy avait certes lui déclaré 34 000 euros en frais de maquillage pour sa campagne de 2007, mais seuls 11 482 euros lui avaient finalement été remboursés.

Dans sa réponse, qui aura finalement convaincu la commission, l’équipe d’Emmanuel Macron cite une décision du Conseil d’Etat du 30 novembre 2005 et conclut que « les frais de maquillage sont considérés par le juge électoral comme des dépenses à finalité électorale et peuvent donner lieu à remboursement dès lors que ces frais ont été exposés en vue de collecter des suffrages. »

Respirer par le nez

C’est la société parisienne d’événementiel Eurydice qui a assuré l’essentiel des prestations de maquillage du candidat, facturant pas loin de 800 euros la journée de prestation, frais de gestion compris, alors qu’il s’agissait parfois d’une simple intervention pour une émission de télévision. L’entente entre les équipes d’En marche ! et cette société a manifestement été bonne. Arnaud Jolens, alors dirigeant d’Eurydice, est aujourd’hui directeur du pôle Images et Evénements à l’Elysée.

L’équipe d’En marche ! a en revanche renoncé à se voir rembourser les dépenses effectuées par le candidat pour les leçons qu’il a prises avec le chanteur lyrique et coach vocal Jean-Philippe Lafont. Deux factures pour un montant total de 7 000 euros ont été fournies à la CNCCFP.

Au Parisien, M. Lafont avait expliqué les quelques conseils dispensés au candidat, notamment après son premier grand meeting à la porte de Versailles en décembre 2016 où la voix d’Emmanuel Macron s’était perdue dans un désormais célèbre « c’est notre projet » : respirer par le nez, faire couler de l’eau chaude le long de sa colonne vertébrale pendant la douche, éviter les aliments acides ou encore faire des vocalises.

Des « dépenses apparemment personnelles », a souligné la Commission des comptes, qui a demandé « toutes les explications utiles sur le caractère électoral de cette dépense ». « La réformation proposée est acceptée », a simplement répondu l’équipe d’Emmanuel Macron. Les factures n’ont donc pas été intégrées aux dépenses éligibles à un remboursement de l’Etat.