Deux mois avant le premier tour de l’élection présidentielle et alors qu’il n’était même pas certain de se qualifier pour le second tour, Emmanuel Macron a commandé une étude à Ipsos pour tester la composition de son éventuel futur gouvernement. Réalisée le 23 février 2017 et facturée 18 720 euros, elle avait pour but d’« identifier les personnalités (...) attendues » par les Français et celles « perçues comme totalement repoussoirs ».

Au total, une douzaine de personnalités ont été testées par En marche !. Sans surprise, on trouve dans cette liste le socialiste Jean-Yves Le Drian – dont le ralliement était alors attendu–, présenté comme « consensuel rassurant », ou l’écologiste François de Rugy, qui venait d’annoncer son soutien à Emmanuel Macron après avoir obtenu 3,8 % des voix à la primaire de la gauche. Le futur président de l’Assemblée nationale y est jugé « crédible par tous sur son sujet de prédilection ».

Plus surprenant, les noms de Dominique de Villepin, de Christine Lagarde et de Jean-Louis Borloo ont été également soumis par Ipsos à un panel de Français, preuve qu’Emmanuel Macron avait déjà en tête l’idée de se servir de son gouvernement pour fracturer la droite. Mais leurs profils sont considérés comme clivants ou trop « ancien monde ». Thierry Breton, ex-ministre de Jacques Chirac, lui aussi testé, est cruellement perçu comme « oublié ». « Personne n’a d’avis sur ses qualités personnelles et professionnelles », écrit l’institut.

« Un repoussoir »

A gauche, Emmanuel Macron est aussi parti en chasse de noms à épingler, alors qu’il a du mal à gagner les soutiens à ce moment de sa campagne. Marisol Touraine, ministre de la santé dans le gouvernement de Manuel Valls, Bernard Kouchner et Daniel Cohn-Bendit sont envisagés, sans faire le consensus. Ségolène Royal est présentée comme « caution de gauche » mais « repoussoir pour le centre et la droite ». Certains sondés déclarés « centristes » citent aussi spontanément les noms de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve, rapporte Ipsos.

Emmanuel Macron a enfin testé le nom de François Bayrou, le patron du MoDem, qui avait annoncé la veille de l’enquête vouloir faire « alliance » avec le candidat d’En marche !. « Si son soutien est bien sûr attendu et accepté, son éventuelle participation à un gouvernement est envisagée comme un repoussoir », écrit Ipsos. Cela n’empêchera pas le futur chef de l’Etat de lui confier la chancellerie, en remerciement de son ralliement.