Stephane Travert (à gauche), le ministre de l’agriculture, au Salon de l’agriculture, à Paris, le 12 septembre 2017. / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Comme un coup de grêle sur un verger à maturité. La décision de la Commission européenne annoncée mercredi 2 mai de réduire de 5 % le budget de la politique agricole commune (PAC) après 2020 a jeté un froid glacial sur le monde agricole français.

« Des propositions inacceptables », a réagi le ministère de l’agriculture. « Une telle baisse, drastique, massive et aveugle est simplement inenvisageable », a souligné Stéphane Travert, le ministre, avant d’ajouter : « Elle comporte un risque sans précédent sur la viabilité des exploitations en impactant dangereusement les revenus des agriculteurs pour qui les aides directes constituent un filet de sécurité essentiel. La France ne pourra accepter aucune baisse du revenu direct des agriculteurs. »

Désaccord

Les syndicats agricoles sont aussi montés au créneau. La FNSEA a jugé « la baisse drastique annoncée inacceptable ». Elle estime « le coût de rabot à 10 % en tenant compte de l’inflation ». Voire même à 15 % pour le premier pilier, celui des aides directes aux agriculteurs, en 2027. La FNSEA « en appelle solennellement au chef de l’Etat pour provoquer un sursaut de l’Union européenne ». Elle demande à Emmanuel Macron de trouver un accord avec la chancelière allemande Angela Merkel pour conforter la PAC. En ligne de mire, le conseil européen des chefs d’Etat qui doit se tenir les 25 et 26 mai.

Pour la Confédération paysanne, la première question à se poser, au-delà du budget, est celle des objectifs de la PAC. « La Commission entend-elle pérenniser la PAC actuelle, dont les règles d’éligibilité et de calculs discriminent les petites fermes et les fermes diversifiées, qui ne répond pas aux attentes des paysans et de la société, ou prévoit-elle un véritable changement de cap ? », s’interroge le syndicat. Quant à la Coordination rurale, si elle qualifie aussi les propositions de la Commission d’inacceptables, elle exprime son désaccord avec le gouvernement, coupable à ses yeux de ne pas dénoncer les dérives de la PAC.