Documentaire sur France 3 à 23 h 45

Lionel Jospin au soir de sa défaite, lors du premier tour de la présidentielle, en 2002. / France 3

Pour des raisons culturelles mais aussi structurelles, la société française dans son ensemble a du mal à accepter l’échec, notamment scolaire ou professionnel. Les responsables politiques ne font pas exception. Il semble que parler d’une défaite électorale, même de longues années après, soit un exercice trop douloureux pour beaucoup de nos représentants. Comme si cela allait les marquer du sceau de l’infamie toute leur vie. Cette crainte, en France, paraît d’autant plus infondée que la classe politique locale s’est fait une spécialité de rebondir. Contrairement aux responsables scandinaves ou anglo-saxons dont beaucoup, après un échec électoral, disparaissent pour de bon de la scène politique.

Grégory Magne, auteur de ce documentaire aussi instructif qu’élégant, illustré par de splendides photos signées Jean-Claude Coutausse, a dû batailler pour faire venir, face caméra, des femmes et des hommes politiques qui acceptent d’évoquer leurs expériences de défaites. Sur la soixantaine de personnalités contactées, seul un quart d’entre elles a accepté.

Lendemains difficiles

Le résultat de ces témoignages, souvent émouvants, confirme cette difficulté française à accepter l’échec. D’Aurélie Filippetti à Hervé Gaymard, de Dominique Voynet à Patrick Devedjian en passant par Jean Glavany, Christine Albanel, Henri Guaino, François Léotard, Catherine Trautmann, Jean-François Lamour ou Alexis Corbière, toutes et tous évoquent des lendemains de défaites souvent difficiles à avaler.

Et le temps qui passe n’apaise pas forcément le choc. « Une défaite électorale, c’est une remise en cause personnelle extrêmement forte. Cela vous fragilise », estime Marie-George Buffet. « Je vois plein de gens remarquables, très intelligents, très compétents, vexés d’avoir été battus. Ils n’ont pas compris qu’en politique, il faut d’abord plaire », résume François Léotard. « Un échec, c’est un passage. Il faut savoir le réussir », philosophe Catherine Trautmann. Plus facile à dire qu’à faire pour beaucoup. Henri Guaino qui, sous le coup de la colère, avait insulté les électeurs de sa circonscription coupables d’avoir mal voté, ne le regrette pas : « J’avais dit ce que je pensais. Un peu de sincérité et de spontanéité feraient le plus grand bien à la politique ! »

Jours de défaite, perdre en politique, de Grégory Magne (France, 2018, 50 min).