Pris dans une polémique au lendemain du 1er mai qui a vu un groupe de 1 200 black blocs contester la légitimité du cortège officiel et commettre des dégradations matérielles sur son passage, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, est tourné vers l’organisation du maintien de l’ordre du rendez-vous d’après.

Avant la « fête à Macron », qu’organisent samedi 5 mai à Paris entre la place de l’Opéra et Bastille, François Ruffin, député La France insoumise de la Somme, l’intellectuel et figure de la gauche radicale Frédéric Lordon et plusieurs acteurs associatifs, le préfet de police entend faire en sorte que celle-ci « se passe dans de bonnes conditions ». Plusieurs dizaines de milliers de personnes pourraient participer à la manifestation. « J’ai échangé personnellement avec M. Ruffin ce matin, nous avons le même objectif », a expliqué vendredi M. Delpuech au Monde.

Au Conseil de Paris, jeudi, le préfet a été interrogé par des élus sur la sécurisation du 1er-Mai. Il a notamment rappelé que l’organisation de contrôles et fouilles systématiques en amont de la manifestation est, juridiquement, impossible. Il promet cependant plus de contrôles.

Mauvais procès

Alors même que le bilan matériel et humain (4 blessés légers) a été très limité eu égard au nombre inédit de black blocs, des élus de gauche et de droite ont reproché au préfet l’insuffisance, selon eux, des forces de l’ordre et le trop long délai d’intervention lors des premières dégradations. Un mauvais procès selon des spécialistes du maintien de l’ordre.

« Pour intervenir, il faut avoir un rapport de force numérique imparable et rassembler les effectifs disséminés sur un périmètre très long prend du temps », défend auprès du Monde un membre de l’encadrement CRS. En outre, explique cette même source, une intervention sur le pont d’Austerlitz, depuis lequel a émergé le black bloc, était impossible car trop risquée. « Ce qu’on peut dire, c’est que les événements récents ont démontré combien le choix du tracé peut avoir une incidence », analyse Jérémie Dumont, du Syndicat des commissaires de la police nationale.

Mercredi, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, a promis « encore plus de forces de l’ordre » lors des prochaines manifestations. Le préfet annonce 2 000 policiers et gendarmes samedi contre 1 500 le 1er mai. Le risque de violences est difficile à mesurer. Selon une source policière, les services de renseignement tableraient, comme lors du 1er mai, sur « 1 000 à 1 500 » fauteurs de troubles.

Une estimation haute qui permettrait aux services d’« ouvrir le parapluie » en cas de débordements, suppute un cadre de la police. « Bien malin qui peut savoir ce que le black bloc concocte », dit-il. « Nous n’avons pas observé des messages sur les réseaux sociaux appelant à faire vivre une journée en enfer, comme avant le 1er-Mai », fait remarquer M. Delpuech.

« Quel qu’ait été le bilan de la manifestation du 1er-Mai, on a pris un plomb, affirme une autre source policière. L’extrême gauche a fait une démonstration de force. C’est une génération qui monte et c’est une culture qu’on a perdue dans la police. »