Affaire Cambridge Analytica : pourquoi c’est grave pour Facebook et ses utilisateurs
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Le Bureau du commissaire à l’information (ICO), le gendarme britannique des données personnelles, « continuera de poursuivre » Cambridge Analytica (CA), qui a annoncé sa fermeture mercredi 2 mai. Dans un communiqué paru le même jour, l’autorité indépendante (homologue britannique de la CNIL française), assure qu’elle n’interrompra nullement son enquête même si cela signifie qu’elle doit poursuivre à titre individuel les dirigeants de cette entreprise à l’origine d’un scandale d’exploitation de données personnelles à des fins politiques.

« L’ICO a enquêté sur SCL Group [la société mère de CA] et Cambridge Analytica dans le cadre d’une enquête plus large sur l’utilisation des données personnelles et des statistiques par des campagnes politiques, des entreprises de réseaux sociaux et d’autres. »

Elle poursuit, dans le bref communiqué publié en ligne sur son site :

« L’ICO poursuivra ses enquêtes civiles et criminelles et cherchera à poursuivre les individus et les administrateurs comme il se doit et même si les entreprises ne sont plus opérationnelles. »

Nouvelle entreprise

Cet avertissement de l’autorité chargée de la protection des données survient dans la foulée de l’annonce par CA et SCL de l’ouverture d’« une procédure d’insolvabilité au Royaume-Uni » la conduisant à mettre la clé sous la porte.

Toutefois, l’ICO a prévenu : « Nous allons aussi regarder de près toute entreprise qui pourrait prendre la succession » de Cambridge Analytica. En effet, les dirigeants de CA avaient ouvert en août dernier Emerdata, une nouvelle entreprise de données. Des sources anonymes ont laissé entendre au New York Times que cette nouvelle entité pourrait permettre à Cambridge Analytica de poursuivre discrètement ses activités.

Depuis plusieurs semaines, Facebook et Cambridge Analytica sont au cœur d’un scandale majeur. CA est accusée d’avoir collecté et exploité sans leur consentement les données personnelles de près de 90 millions d’utilisateurs de Facebook à des fins politiques. Il est aussi reproché au réseau social de ne pas avoir suffisamment protégé les données de ses utilisateurs, des informations qui auraient été utilisées pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d’influencer le vote des électeurs afin de peser dans la campagne présidentielle américaine de 2016, remportée par le candidat républicain Donald Trump.

CA a démenti catégoriquement, malgré les déclarations filmées en caméra cachée de son directeur général Alexander Nix, depuis suspendu. Le fondateur et PDG de Facebook Mark Zuckerberg a été auditionné en avril par des parlementaires américains et doit essuyer une crise de défiance internationale.

Facebook, et par ricochet Cambridge Analytica, sont visés par une enquête de l’autorité l’ICO ainsi que de l’autorité italienne de la concurrence. Le « G29 », l’instance de coopération des autorités chargées de la protection des données au sein de l’Union européenne, s’est également saisi du dossier, offrant son appui aux investigations nationales.