La tour Telecom Italia à Rozzano, en banlieu de Milan (nord de l’Italie), le 4 mai. / MIGUEL MEDINA / AFP

La campagne d’Italie s’est transformée en défaite en rase campagne pour Vincent Bolloré et Vivendi, dont il est premier actionnaire. Le groupe de médias français a perdu, vendredi 4 mai, la majorité au conseil d’administration de Telecom Italia (TIM), dont il possède 24 % du capital. A l’issue d’une assemblée générale exceptionnelle des actionnaires, le fonds spéculatif américain Elliott, avec 9 % du capital, a fait élire 10 des 15 administrateurs, l’emportant avec 49,84 % des voix contre 47,18 % en faveur de Vivendi.

Choisis par Elliott, dix administrateurs italiens indépendants – parmi lesquels Luigi Gubitosi, administrateur d’Alitalia, et Fulvio Conti, ex-directeur général d’Enel – font leur entrée au conseil, tandis que Vivendi conserve cinq représentants. Ainsi, Amos Genish, qui est également le patron de TIM, et Arnaud de Puyfontaine, le président du directoire de Vivendi continuent de siéger au conseil. En revanche, le groupe de médias a dû renoncer à d’autres candidats de poids, à commencer par Franco Bernabe , ex-administrateur délégué de TIM, Frédéric Crépin, secrétaire général de Vivendi, et Stéphane Roussel, le directeur général chargé des opérations, pour ne conserver que trois autres administrateurs indépendants.

Campagne de déstabilisation

« Elliott accueille positivement le pas effectué par Telecom Italia en matière de gouvernance », a expliqué le fonds, qui a basé toute sa campagne de déstabilisation de Vivendi sur le fait que le groupe de médias français favorisait davantage ses intérêts que ceux de l’ensemble des actionnaires. De son côté, Vivendi a averti qu’il s’assurerait que les administrateurs d’Elliott veillent au respect du plan stratégique conduit par Amos Genish et évitent « le démantèlement ».

Si Elliott dit « soutenir entièrement Amos Genish et son management, et être aligné sur son plan », des dissensions pourraient rapidement apparaître. Ainsi, le fonds a également appelé le nouveau conseil à réexaminer certaines orientations qu’il avait proposées, à commencer par « des alternatives stratégiques sur le Netco [le réseau télécoms fixe] ». Elliott souhaitait en effet s’en séparer afin de désendetter l’entreprise, tandis qu’Amos Genish voulait le garder, considérant qu’il s’agissait là d’un actif stratégique.