L’ancien maire de New York et avocat de Donald Trump, Rudy Giuliani (à droite), à la Trump Tower, en janvier 2017. / TIMOTHY A. CLARY/AFP

Donald Trump regrette-t-il déjà d’avoir pris à son service le 19 auvril comme avocat son vieil allié Rudy Giuliani ? Trois jours après le tumulte créé par une affirmation de l’ancien procureur et ancien maire de New York contredisant le président et la Maison Blanche à propos de l’affaire « Stormy Daniels », le président des Etats-Unis n’a pas caché son irritation, vendredi 4 mai. « Rudy est un type bien, mais il a juste commencé hier [son travail], il va vérifier ce qu’il a avancé », a-t-il commenté avant de s’envoler pour Dallas où se tient le congrès de la National Rifle Association, le lobby pro-armes. Quelques instants plus tard, Rudy Giuliani a publié un communiqué corrigeant en partie ses déclarations précédentes.

Invité, mercredi 2 mai, de l’animateur de la chaîne Fox News Sean Hannity, un proche de Donald Trump, Rudy Giuliani a créé la stupeur en assurant que Donald Trump avait remboursé à l’un de ses avocats, Michael Cohen, la somme de 130 000 dollars versée, à quelques semaines de la présidentielle de 2016, pour le prix de son silence, à une ancienne actrice de films pornographiques, Stephanie Clifford, connue également sous son nom de scène, Stormy Daniels.

Depuis la révélation de ce contrat par le Wall Street Journal, confirmé par l’avocat en question, en janvier, Mme Clifford estime ne plus être tenue à la discrétion à propos de la relation extraconjugale qu’elle assure avoir eue avec le magnat de l’immobilier en 2005, peu de temps après le troisième mariage de ce dernier. Donald Trump n’a cessé de nier publiquement à la fois cette relation et le versement de la somme évoquée.

Changement brutal de ligne de défense

L’initiative de Rudy Giuliani visait sans doute à éviter l’écueil d’une infraction à la législation sur les comptes de campagne. Un risque jugé suffisamment élevé pour justifier un changement brutal de la ligne de défense. Versée juste avant l’élection pour éviter une publicité indésirable, cette somme non déclarée a pu en effet jouer sur le scrutin présidentiel. Revenu une première fois sur un plateau de Fox News, jeudi matin, après le tumulte créé par ses déclarations, Rudy Giuliani a pourtant aggravé son cas en précisant que ce versement avait pour but d’éviter que le sujet soit évoqué avant le scrutin, introduisant un lien direct entre l’affaire et l’élection présidentielle.

Cette initiative non concertée avec l’entourage du président a pris à revers la Maison Blanche. « Je vous ai donné les meilleures informations dont je disposais », n’a cessé de répéter à la presse jeudi la porte-parole, Sarah Sanders, lors d’un briefing inconfortable, après avoir longtemps campé sur la même ligne de dénégation. Sommé de limiter les dégâts, Rudy Giuliani a finalement assuré vendredi qu’il avait livré son interprétation personnelle des faits, et qu’il s’agissait en fait de « protéger la famille du président » contre des « allégations mensongères ».