Le Kazakh Gennady Golovkin après sa victoire par K.-O. sur l’Américano-Arménien  Vanes Martirosyan, le 5 mai au StubHub Center. / Harry How / AFP

Ce n’était ni l’affiche ni le lieu escomptés. Mais, dès la mi-avril, Gennady Golovkin avait prévenu : « Vanes Martirosyan est désormais le plus important combat de ma carrière. » Et le Kazakh l’a prouvé samedi 5 mai, sur le ring du StubHub Center de Carson, en banlieue de Los Angeles (Californie), faisant vivre un véritable cauchemar à celui que l’on surnomme « The Nightmare » en lui infligeant le premier K.-O. de sa carrière en seulement deux petits rounds. Sans surprise, « GGG » a conservé son titre unifié chez les poids moyens, reste invaincu depuis 2004, et peut se targuer désormais d’un palmarès de 38 victoires dont 34 par K.-O., d’un nul et d’aucune défaite. Il égale en outre le record de Bernard Hopkins de vingt victoires de rang en titre dans cette catégorie de poids.

La victoire serait belle, si elle n’avait pas été connue d’avance. Car, contrairement aux affirmations de Gennady Golovkin, nombre d’observateurs aguerris du noble art éditorialisaient depuis des semaines sur l’absence d’enjeu de ce duel organisé dans un temps record, après l’annonce de l’annulation de la revanche du Kazakh face au Mexicain Canelo Alvarez. Après leur nul contesté en septembre 2017 à la T-Mobile Arena de Las Vegas (Nevada), ce combat était l’un des plus attendus de l’année. Mais, la suspension du natif de Guadalajara, une des superstars de la discipline, après deux contrôles antidopage positifs au clenbutérol en a décidé autrement.

Et après de nombreuses tergiversations, c’est Vanes Martirosyan qui a été choisi pour chausser les gants et tenter de ravir à Gennady Golovkin ses ceintures de l’International Boxing Federation (IBF), de la World Boxing Association (WBA) et du World Boxing Council (WBC). « C’est une chose de dire que Martirosyan est un adversaire légitime [face au Kazakh]. C’est une autre chose à dire que ce combat est légitime », résumait la grande chaîne sportive américaine ESPN.

L’Américano-Arménien de 32 ans, qui avait représenté les Etats-Unis aux Jeux olympiques (JO) d’Athènes en 2004 – en même temps que son adversaire du soir –, disposait avant la rencontre d’un palmarès plus qu’honorable : 36 victoires, dont 21 par K.-O., trois défaites et un nul. Seulement voilà, il n’avait plus combattu depuis le 21 mai 2016 et totalisait deux défaites sur ses trois derniers combats.

En outre, Vanes Martirosyan n’a eu que deux semaines pour se préparer – l’annonce officielle du remplacement de Canelo Alvarez a été faite le 18 avril – et tenter de conquérir un titre mondial contre un adversaire ultra-entraîné. De son propre aveu, le boxeur n’avait rien à perdre. Et, lors de la journée de présentation du combat aux médias, les membres de son clan prenaient même des photos avec Golovkin, comme de simples fans.

Combat du « Cinco de mayo »

Les organisateurs, eux, s’inquiétaient surtout de la vente d’une quantité substantielle de billets, dont les prix oscillaient entre 50 et 750 dollars (jusqu’à 630 euros), pour ce duel entre le Kazakh et un adversaire de moindre notoriété que le très populaire Canelo Alvarez. Les places pour la rencontre Alvarez-Golovkin s’échangeaient, elles, entre 300 et 5 000 dollars.

La boxe professionnelle étant aussi un business, le combat a donc été « délocalisé » de Las Vegas vers la banlieue de Los Angeles, dans une enceinte de moindre envergure. Une opportunité pour la cité des Anges, qui fut l’une des capitales mondiales de la boxe dans la première moitié du XXe siècle, avant de perdre, vers la fin des années 1970, de son attractivité, cédant alors du terrain à New York et Las Vegas.

Le StubHub Center, une des rares arènes en plein air, a été retenu et les liens locaux de Martirosyan – il réside à Glendale en banlieue de L.A. où se concentre une bonne partie de la large communauté arménienne de la mégalopole –, laissaient espérer un peu plus d’attrait à la rencontre.

D’autant que Los Angeles peut se targuer d’avoir accueilli un des combats du « Cinco de mayo », fête qui célèbre la culture mexicano-américaine aux Etats-Unis, devenue date phare dans le calendrier du noble art outre-Atlantique sous l’impulsion de la population latino. Car, depuis 2003, les principaux combats du Cinco de mayo se sont déroulés dans l’un des établissements MGM à Las Vegas.

Outre le Kazakh et l’Américano-Arménien, ce 5 mai a également vu sur le ring la championne unifiée des poids welters, la Norvégienne Cecilia Braekhus (32-0, 9 K.-O.) défendre ses ceintures face à l’Américaine Kali Reis (14-1-6, 4 K.-O.). Un duel qui restera dans les annales de la boxe : pour la première fois en quarante-cinq ans, la chaîne payante HBO a diffusé un combat féminin. Moins pour son épilogue : Braekhus repart avec ses titres après une victoire aux points controversée, accueillie par les huées du public.

Un public d’ailleurs clairsemé. Malgré les efforts des organisateurs, les tribunes du StubHub Center n’affichaient pas complet (7 837 personnes). Le premier acte du duel Canelo-Golovkin, le 16 septembre 2017, à Las Vegas totalisait, lui, 22 358 spectateurs.