Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, le 28 avril, à Sofia. / STR / AFP

Au lendemain de la démission de son PDG, Jean-Marc Janaillac, vendredi 4 mai, le conflit reste dans l’impasse à Air France, et le gouvernement a haussé le ton par la voix de Bruno Le Maire. « Je ne vais pas expliquer aux Français que nous allons augmenter notre participation dans Air France [14,3 %], éponger [ses] pertes, alors qu’elle ne fait pas les efforts de compétitivité nécessaires pour être au même niveau que ses grands concurrents européens », Lufthansa et British Airways, a souligné le ministre de l’économie, dimanche, sur BFM-TV. Sans ces efforts, a-t-il prévenu, la compagnie est menacée de disparition.

Dans sa ligne de mire, les 4 000 pilotes d’Air France. « Quand on a [leur] niveau de rémunération actuel, on ne demande pas des revendications salariales aussi élevées », a jugé M. Le Maire. Il a estimé leurs revendications « injustifiées ». Une critique reprise par Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui juge leurs exigences inacceptables. Philippe Evain, président du Syndicat national des pilotes de ligne (majoritaire), s’est dit « choqué » par les propos du ministre. « Air France ne demande pas [que l’Etat] éponge toutes ses dettes », a-t-il indiqué, lundi 7 mai, sur RTL, puisqu’elle « n’a pratiquement plus de dette. »

Une grève coûteuse

Air France déplore le maintien de la grève, lundi 7 et mardi 8 mai, « alors que la période qui s’ouvre ne permet pas d’engager une quelconque négociation ». Son coût est déjà de 300 millions et risque d’atteindre 400 millions, sans compter le prix d’une désaffection des clients. L’action chutait de 13 %, lundi, à l’ouverture de la Bourse de Paris.

Le gouvernement a été surpris par le rejet des propositions salariales de la direction par 55,44 % des 46 700 salariés d’Air France. Après six ans de gel, ceux-ci réclament 5,1 % de hausse salariale en 2018, alors que M. Janaillac proposait 2 % cette année (et 5 % sur 2019 -2021). Une victoire temporaire pour l’intersyndicale réunissant dix organisations de pilotes, d’hôtesses et de personnels au sol. Car le nouveau patron d’Air France-KLM, nommé dans les prochaines semaines, sera sous pression. Sa feuille de route est « claire », a prévenu M. Le Maire : « Le rétablissement du dialogue social comme priorité absolue et, en second lieu, le rétablissement de la compétitivité. »