« Passages à tabac prolongés, manque de nourriture, humiliation et mouvements limités pendant des années » : l’isolement carcéral prolongé de prisonniers politiques, et les violences physiques auxquelles ils sont soumis dans les prisons égyptiennes, constitue un acte de « torture », fustige l’ONG Amnesty International, qui publie un rapport lundi 7 mai.

« Les prisonniers détenus pour des motifs politiques sont détenus en Egypte dans des conditions d’isolement prolongé et indéfini – parfois pendant plusieurs années.»

Le régime du président Abdel Fattah al-Sissi est régulièrement pointé du doigt par les organisations de défense des droits de l’Homme qui dénoncent la répression des opposants et des libertés individuelles. Les autorités égyptiennes nient ces violations, accusant les ONG d’être politiquement orientées.

« Non seulement les défenseurs égyptiens des droits de l’Homme, les journalistes et les membres de l’opposition sont pris pour cibles pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions dans le monde extérieur, [mais] leur persécution continue aussi derrière les barreaux », a dénoncé Najia Bounaim, directrice de campagne d’Amnesty pour l’Afrique du Nord.

Les autorités égyptiennes nient en bloc

Sur la base de témoignages de neuf anciens détenus et de familles de personnes toujours incarcérées, Amnesty assure avoir documenté 36 cas de prisonniers placés en isolement carcéral « prolongé et indéfini ». L’ONG précise avoir remis un mémorandum contenant un résumé de ses recherches aux autorités égyptiennes le 16 avril. « Aucune réponse n’a été reçue », a déclaré Amnesty.

Des milliers de personnes, pour la plupart des islamistes mais aussi des dissidents laïcs, ont été arrêtées après la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Ce renversement, intervenu à la faveur de manifestations massives exigeant son départ, a déclenché une répression sanglante contre ses partisans.

Les autorités égyptiennes ont nié à plusieurs reprises les violations systématiques des droits de l’Homme dénoncées par les ONG, les accusant d’être politiquement orientées. Elles affirment que les prisons égyptiennes n’enferment aucun prisonnier politique.