Graffiti « Université alternative » sur les murs de l’université de Nanterre, en avril. / Francois Mori / AP

Plus d’un mois après le début du mouvement contre la réforme de l’accès à l’université, quatre facs étaient toujours à l’arrêt lundi 7 mai : Toulouse Jean-Jaurès, Rennes-II, Nanterre et Paris-VIII. A la Sorbonne, les étudiants se sont prononcés majoritairement pour la fin des blocages. D’autres universités conservent par ailleurs certains sites bloqués ou occupés en partie (Lyon-II, Nantes, Aix-Marseille, Sorbonne Université, Limoges…).

Depuis la fin mars, une trentaine d’universités et instituts d’études politiques ont connu des perturbations, allant d’une brève occupation de salle jusqu’à des blocages de plusieurs semaines. Le point sur la situation.

  • Appel à lever les blocages à la Sorbonne

Le président de Sorbonne Université a appelé à la levée des blocages sur deux sites occupés à Paris, après un vote électronique des étudiants, qui se sont prononcés majoritairement en ce sens. Cette consultation, réalisée de jeudi à samedi, a recueilli 10 085 votes (sur 55 000 étudiants au total). Parmi les votants :

- 6 334 sont défavorables aux blocages ;

- 2 772 y sont favorables ;

- 979 ne veulent pas se prononcer, selon un communiqué de l’université.

Sorbonne Université compte deux sites de sa faculté de lettres bloqués par des opposants à la loi sur les nouvelles modalités d’accès à la fac, et ce, depuis plusieurs jours : Malesherbes – dont le blocage a été reconduit jusqu’à samedi 12 mai lors d’une AG lundi – et Clignancourt – dont une AG devait décider lundi après-midi de la poursuite du mouvement.

« Afin de garantir la délivrance de diplômes qui reflètent bien leurs niveaux de qualification, ma priorité actuelle est d’assurer la tenue régulière des examens, concours d’agrégation et de CAPES, et des réunions des comités de sélection pour le recrutement des enseignants-chercheurs », écrit le président, Jean Chambaz, dans un communiqué. Il maintient sa proposition de « mise à disposition d’espaces dédiés sur l’ensemble des sites » pour permettre « un débat démocratique sur la loi ORE », promulguée en mars et accusée par ses opposants d’introduire la sélection à l’entrée de l’université.

  • Blocage illimité à Nanterre

A Nanterre, paralysée depuis trois semaines, une assemblée générale a voté le blocage illimité de l’université francilienne, qui compte 32 000 étudiants. Alors que la période des partiels s’est ouverte il y a un peu moins d’une semaine, environ 700 étudiants ont pris part au vote, soit bien moins que lors des précédentes AG, qui avaient rassemblé près de 1 700 personnes.

L’assemblée générale – qui se réunira de nouveau mardi 15 mai – s’est également prononcée pour le blocage d’un examen prévu à Arcueil (Val-de-Marne) vendredi 11 mai.

Prenant acte de l’impossibilité d’organiser les partiels sur le campus, l’université de Nanterre a adopté, vendredi, un aménagement. Entre les devoirs à la maison, les examens en ligne et la relocalisation des épreuves qui le nécessitent sur d’autres sites, comme Arcueil, « nous devrions réussir à maintenir le calendrier universitaire et sauver l’année en conservant la valeur des diplômes, dans une solution respectueuse du mouvement social », explique au Monde Jean-François Balaudé, président de l’établissement, qui espérait néanmoins que le vote de lundi mît fin au blocage.

« Je suis favorable à l’une des idées portées par les personnels et étudiants mobilisés : celle d’organiser des états généraux de l’université, à Nanterre, pour réfléchir à cette loi ORE et à la manière dont elle se décline, ce qui me semblerait plus constructif et à même de porter des propositions », ajoute le président de l’université.

  • Affrontements entre police et manifestants à Grenoble

Des affrontements ont opposé la police et une trentaine de manifestants qui bloquaient lundi matin l’accès aux amphithéâtres de l’Université Grenoble Alpes (UGA) où étaient programmés des examens, reportés dans l’après-midi.

Un policier a été légèrement blessé et deux étudiants « se sont sentis mal », a précisé la direction. Selon les pompiers, un étudiant d’une vingtaine d’années a été conduit à l’hôpital pour des blessures sans gravité.

Dès 7 heures du matin, malgré la présence de vigiles d’une société de surveillance, « une trentaine » d’opposants aux nouvelles modalités d’accès à la fac a bloqué l’accès des amphithéâtres à quelque 580 étudiants venus passer leurs partiels en Sciences humaines et sociales. La direction de l’UGA a fait appel aux forces de l’ordre, mais la quinzaine de policiers « n’a pas dissuadé » les bloqueurs, « assez violents » et « visage masqué pour certains » selon l’université, de quitter les lieux. Ils ont alors utilisé des gaz lacrymogènes pour y parvenir.

En début d’après-midi, le site était débloqué et les partiels ont été reprogrammés dans d’autres bâtiments, a précisé l’UGA.

  • Six étudiants de Nancy poursuivis en correctionnelle, cinq jeunes arrêtés à Lyon-II

Six étudiants, interpellés jeudi 3 mai à Nancy, comparaîtront en août et septembre devant le tribunal correctionnel. Les forces de l’ordre étaient intervenues sur le campus de lettres et sciences humaines de l’université de Lorraine, alors qu’une trentaine d’étudiants opposés à la réforme de l’accès à l’université s’étaient postés devant un amphithéâtre où devait se dérouler un partiel d’anglais. Trois étudiants sont poursuivis pour des dégradations matérielles, un quatrième pour des violences sur des policiers, un cinquième pour des violences et pour avoir refusé de donner son ADN, et le dernier pour avoir refusé de donner aux autorités son code PIN de téléphone portable.

Par ailleurs, cinq jeunes âgés de 18 à 23 ans ont été interpellés par la police sur le campus de Lyon-II Bron dans la nuit de dimanche 6 mai à lundi 7 mai, alors qu’ils tentaient de monter des barricades, après avoir dégradé des serrures et du matériel, selon une source policière. Ils ont été placés en garde à vue à la sûreté de Lyon.