Art Orienté Objet, Tombée dans le Dissumba (ou Le lit des Visions), 2013. | Courtesy galerie Les filles du calvaire.

Cela commence par une Pietà, cette figure de l’histoire de l’art où la Vierge Marie tient le corps de son fils dans ses bras. La Vierge, en l’occurrence, c’est Marion Laval-Jeantet. Le mort qu’elle déplore, c’est le cadavre d’un kangourou. Son squelette (celui du marsupial) est suspendu un peu plus loin, au centre d’un cercle d’œufs qui diffusent des sons (ça, c’est le travail de Benoît Mangin, son complice) qui nous parlent à l’oreille, racontent des histoires de sorciers africains, de griots, ou d’autres initiés.

On a là un résumé du travail que Marion Laval-Jantet et Benoît Mangin, qui ont créé le duo Art Orienté Objet, distillent depuis la fin des années 1980. On l’a vu naguère au Musée de la chasse et de la nature. Les plus anciens se souviennent l’avoir croisé dans la Biennale de Lyon, lorsqu’elle était confiée à Jean-Hubert Martin. Une empathie, avant que ce soit à la mode, avec le règne animal, qui précisément ne règne plus.

Et pourtant : dans une de ses pérégrinations africaines, Marion Laval-Jantet s’est trouvée une nuit face à une hyène. Elle qui s’est fait autrefois injecter du sang de cheval par solidarité aimait moins les animaux, ce soir-là. Le fauve est pourtant à l’étage de la galerie, accompagné d’un lièvre bien de chez nous et d’un bambi dont on a oublié la provenance. Tous trois ont les pattes arrière attachées par des fils de laine, brins dont est aussi faite leur toison. Elles ont été tricotées (une maille à l’endroit, on ne sait combien à l’envers), non par Benoît, mais par Marion. Un boulot de bénédictin, réalisé par deux artistes qui se revendiquent adeptes du slow art, comme d’autres parlent de slow food. Etonnant, non ?

Art Orienté Objet, galerie Les Filles du Calvaire, 17, rue des Filles-du-Calvaire, Paris 3e. Tél. : 01-42-74-47-05. Du mardi au samedi, de 11 heures à 18 h 30, jusqu’au 16 juin.