Le président tchadien, Idriss Déby, à Berlin (Allemagne) en octobre 2016. / Stefanie Loos / REUTERS

Le président tchadien Idriss Déby a nommé, lundi 7 mai, les membres de son gouvernement, après l’entrée en vigueur vendredi de la nouvelle Constitution, a annoncé la télévision nationale. Le texte, dont la promulgation marque le passage à la IVe République, instaure un régime présidentiel sans premier ministre.

Composé de vingt-quatre ministres, dont deux ministres d’Etat, et de quatre secrétaires d’Etat, ce gouvernement prêtera serment devant le président de la République, comme le veut la nouvelle Constitution. L’équipe compte neuf femmes, conformément au vœu d’Idriss Déby de favoriser la représentativité des femmes en politique.

Dix personnalités quittent le gouvernement, dont le ministre des infrastructures, celui des finances et celui du pétrole. Kassire Coumakoye, ancien premier ministre (de 1993 à 1995, puis de 2007 à 2008) d’Idriss Déby, devient ministre d’Etat conseiller à la présidence, et l’avocat Jean-Bernard Padare est nommé ministre d’Etat chargé des infrastructures. Les portefeuilles de la défense et de la sécurité ainsi que celui des affaires étrangères restent confiés à leurs précédents titulaires.

Une « amnistie générale »

La Constitution, adoptée lors d’une session parlementaire boycottée par de nombreux députés de l’opposition, renforce les pouvoirs du chef de l’Etat tchadien avec la mise en place d’un régime présidentiel intégral, sans premier ministre ni vice-président. Au pouvoir depuis 1990, Idriss Déby a demandé au moment de sa promulgation, vendredi, « le concours des partenaires financiers » pour organiser les élections législatives repoussées depuis 2015, dont il a confirmé qu’elles devaient se tenir en novembre 2018.

Le président a également décrété vendredi une « amnistie générale », invitant tous les Tchadiens qui « pour une raison ou pour une autre ont quitté leur pays » à « rentrer dignement ». Cet appel a suscité des réactions de certains exilés, comme Abakar Tollimi. Cet ancien conseiller d’Idriss Déby, actuellement réfugié politique en France, a estimé qu’il s’agissait d’un « non-événement » et dit être loin de son pays par « manque de démocratie ».

Plusieurs rébellions armées dont les hommes se trouvent en Libye ou au Soudan ont également réagi à cette offre d’amnistie. L’Union des forces de la résistance (UFR) estime qu’Idriss Déby n’a « jamais respecté ses engagements », selon son porte-parole Youssouf Hamid, installé en Allemagne. Le bureau politique de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD), dirigé par Mahamat Nouri, chef rebelle qui avait défié M. Déby en descendant sur N’Djamena il y a dix ans, a également rejeté la proposition dans un communiqué.