Les péripéties d’Air France ont manifestement donné des idées aux cheminots, alors que le seizième jour de grève contre la réforme ferroviaire, mercredi 9 mai, perturbe toujours fortement la circulation des train, les syndicats de la SNCF sont en train de préparer un référendum interne à l’entreprise. Le Monde a eu accès à un document préparatoire daté du 7 mai, détaillant la future « mise en œuvre du référendum d’initiative cheminote CGT-UNSA-SUD-Rail-CFDT à la SNCF ».

La question posée à tous les cheminots actifs, ainsi qu’au personnel des comités d’établissement et du comité central d’entreprise serait ainsi rédigée : « Etes-vous pour ou contre la réforme que veut imposer le gouvernement ? » Les votants pourront cocher deux cases, une « pour » et une « contre ».

Selon le document, la consultation se tiendra du lundi 14 mai 10 heures au lundi 21 mai 10 heures. Ce qui permettrait d’arriver au prochain rendez-vous avec le premier ministre, Edouard Philippe, les 24 et 25 mai, avec des résultats et – espèrent les militants – une forme de légitimation du mouvement par la base cheminote.

La direction ne cautionne pas cette initiative

Comment sera organisé le vote ? « Les organisations syndicales régionales CGT – UNSA – SUD-Rail – CFDT établiront ensemble une liste des urnes fixes (…) accessibles lors des AG et d’urnes mobiles permettant d’alimenter celles-ci en allant à la rencontre des non-grévistes », précisent les syndicats.

Afin de garantir le sérieux du référendum, des listes nominatives d’émargement seront établies. « Les organisations syndicales s’engagent à respecter la confidentialité du vote en ne publiant pas les listes d’émargement et en les détruisant à la fin du vote », précise toutefois le document.

L’idée est de ne pas effrayer les agents SNCF non grévistes ou peu militants afin de maximiser le nombre de votants. « La légitimité de ce référendum se jugera sur une participation massive », conclut le document.

Contrairement au cas Air France, la direction de l’entreprise ne cautionne pas cette initiative, considérant que le sujet est principalement législatif. « Les cheminots sont bien évidemment concernés par la réforme, déclare au Monde Guillaume Pepy, le président de la SNCF. Mais celle-ci touche tous les Français. C’est donc à leurs représentants élus de se prononcer. Personne ne peut leur confisquer ce débat. »

« L’objectif est d’obtenir la tête de Pepy »

L’intersyndicale des cheminots, qui se réunit mercredi 9 mai en soirée, devrait débattre de ce projet. La CGT, à l’origine de l’idée et SUD-Rail y sont favorables. « L’objectif est d’obtenir la tête de Pepy, reconnaît sans ambages un des négociateurs syndicaux. La place est libre à Air France, nous allons le pousser à postuler. »

Côté UNSA, syndicat dit réformiste, la tonalité est différente. « Il y a du pour et du contre, dit un responsable. On n’est pas dans le cas Air France où tout le monde votait. Ici on sait qui va s’exprimer : ce sont surtout les convaincus. Cela relativise la pertinence de l’initiative. Mais si le soutien au référendum permet de fortifier l’unité syndicale… »

Les instances dirigeantes de l’UNSA devaient se prononcer officiellement sur ce sujet, mercredi 9 mai, dans le courant de l’après-midi. Contactés, les dirigeant de la CFDT n’ont, à ce stade, pas répondu à nos sollicitations.

Notre sélection d’articles pour comprendre la réforme de la SNCF

Retrouvez les contenus de référence du Monde.fr concernant le « projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire » présenté par le gouvernement, et ses conséquences :