Donald Trump exhibe un document déclarant son intention de se retirer de l’accord nucléaire iranien, le 8 mai 2018. / Jonathan Ernst / REUTERS

La décision du président américain, Donald Trump, de retirer les Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien met en péril la présence des entreprises françaises en Iran. Les acteurs tricolores implantés dans le pays ont, comme leurs concurrents européens ou américains, trois à six mois pour se désengager du territoire, sous peine se voir barrer l’accès au marché américain.

En 2017, la France est le 2e partenaire commercial de l’Iran, si on compte les exportations et importations. L’Iran est ainsi le 49e client de la France, alors qu’il n’était que 59e en 2016 et 70e en 2015. Si la France n’a pas « triplé » en deux ans son excédent commercial en Iran, contrairement à ce qu’a affirmé le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, mercredi 9 mai sur France Culture, le pays a effectivement pris des airs de nouvel Eldorado économique depuis la levée des sanctions internationales, en janvier 2016. Le déficit commercial de la France vis-à-vis de l’Iran s’est élevé en 2017 à 816 millions d’euros, soit 19 % de plus qu’en 2016, en raison de la hausse des achats de pétrole à Téhéran, notait la direction générale du Trésor en janvier 2018.

Source : Direction générale du Trésor et ambassade de France en Iran, service économique de Téhéran. / Les Décodeurs

En deux ans, 300 entreprises françaises ont entamé des démarches dans l’optique de s’implanter en Iran. Plusieurs secteurs sont concernés, du pétrole à l’agroalimentaire en passant par l’aéronautique.

Total, Renault, PSA, Airbus...

Parmi la poignée d’entreprises françaises déjà sur place, les plus touchées par la décision américaine seront notamment Total, Renault, PSA ou encore Accor. Par exemple, le groupe pétrolier français a signé, en juillet 2017, un accord de 1,75 milliard d’euros avec l’Iran pour développer, dans le golfe Persique, la phase 11 de South Pars, le plus grand gisement offshore de gaz naturel au monde.

De son côté, Renault a vendu l’an dernier 162 000 voitures en Iran, son 8e marché mondial. Le Français a aussi signé, en juillet 2017, un nouvel accord pour produire 150 000 véhicules supplémentaires via une coentreprise. Le groupe PSA a quant à lui écoulé 443 000 voitures en Iran en 2017. Ensemble, PSA et Renault détiennent 40 % du marché iranien (respectivement 30 et 10 %).

S’ajoute encore le constructeur aéronautique européen Airbus. IranAir lui a récemment commandé une centaine d’appareils, pour un montant total de 17,5 milliards d’euros.

Quelques heures après la décision de Donald Trump, le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a tenté de rassurer les entreprises tricolores : « Nous allons les réunir dans les jours qui viennent pour tenter de les préserver au maximum des mesures américaines. »

Par cette décision, le président américain se positionne en « gendarme économique » du monde, obligeant les entreprises à choisir entre l’Iran et le colossal marché américain, a pour sa part critiqué le ministre de l’économie, Bruno Le Maire.