Assemblée générale d'étudiants à l'université Toulouse-Jean-Jaurés, le 19 mars 2018. / Ben Art'core via Campus

L’université des sciences humaines Le Mirail à Toulouse, bloquée depuis le 6 mars par des étudiants, était en cours d’évacuation par des dizaines de CRS, mercredi 9 mai vers 4 heures, a constaté un journaliste de l’AFP.

« On savait que ça allait arriver car il y avait déjà plein d’universités évacuées », a déclaré à l’AFP un des étudiants évacués. « Il y a eu des coups de matraque, des coups de pied, des gens sont tombés à terre mais malgré ça, ils ont continué à marcher, à nous évacuer, des gens ont été piétinés », a rapporté cet étudiant en histoire, qui occupait le hall de l’Accueil, un des deux bâtiments occupés. Quelque 180 policiers sont intervenus sur le site universitaire, selon Frédéric Rose, le directeur de cabinet du préfet. « Il n’y a eu aucun incident, il n’y a pas de blessé », ni d’interpellation. Il a précisé à la presse sur place qu’une « enquête pour dégradations » allait être diligentée.

« L’université, elle est à qui ? »

Les étudiants, entre 60 et 80 selon une estimation des médias, sortaient par groupes, encadrés par des CRS, frappant dans leurs mains, et scandant « libérez nos camarades » ou encore « Et l’université, elle est à qui ? Elle est à nous ! ». Ils ont été ensuite repoussés à une quarantaine de mètres de l’entrée. « On va continuer la mobilisation, on a déjà prévu d’autres endroits », a ajouté le même étudiant en histoire, qui occupait le bâtiment de l’Accueil, où se trouve le grand amphithéâtre de l’université.

Le tribunal administratif de Toulouse avait ordonné cette évacuation. « Le magistrat désigné a constaté que l’occupation des locaux depuis le 6 mars 2018 avait engendré des dégâts et des détériorations du mobilier et des infrastructures et que l’accès au site de toute personne non gréviste était impossible », relevait le tribunal le 2 mai.

Projet de fusion

L’université de lettres et sciences humaines s’était mobilisée dès la mi-décembre contre un projet de fusion avec l’université Paul-Sabatier et deux écoles d’ingénieurs, l’INSA (Institut national des sciences appliquées) et l’INP (Institut national polytechnique). Elle s’élevait également, depuis, contre la loi ORE (« orientation et réussite des étudiants »). La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, avait dissous les conseils centraux de gouvernance de l’établissement, provoquant la destitution du président, avant de nommer un administrateur provisoire. Celui-ci avait « pris acte » de cette décision qui le contraignait « à solliciter le concours des forces de l’ordre ».