Quel que soit le chiffre définitif, l’opération sera massive et constituera un nouveau record depuis l’introduction en Bourse d’Alibaba, en 2014, pour 25 milliards de dollars. Le fabricant chinois de smartphones Xiaomi a prévu d’être coté à Hong Kong avec une valorisation comprise entre 70 et 80 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal.

Le groupe chinois a néanmoins revu ses ambitions à la baisse, alors qu’il visait au départ une valorisation de 100 milliards de dollars. Ses dirigeants auraient cependant admis avoir été trop gourmands et n’avoir pas tenu suffisamment compte du déclin de 10 % des valeurs de la tech depuis le début de l’année.

« Des produits géniaux à prix honnêtes »

Pour l’heure, Xiaomi – qui signifie « petit riz » ou millet en mandarin – n’a pas révélé la date à laquelle elle souhaite mener l’opération, mais elle voudrait lever 10 milliards de dollars. Le 3 mai, l’entreprise a publié une première mouture de son document d’introduction en Bourse, dans lequel elle détaille sa philosophie et l’état de ses finances.

« Notre mission est de fabriquer des produits géniaux à des prix honnêtes pour permettre à tout le monde d’avoir une vie meilleure grâce aux technologies », a déclaré son président Lei Jun, dans un courrier aux actionnaires.

Fondé en avril 2010, Xiaomi a connu un parcours fulgurant, misant sur des smartphones accessibles, vendus uniquement en ligne, et créant autour de sa marque une vaste communauté d’aficionados. En 2017, le chiffre d’affaires a fait un bond de 67 % à 114,5 milliards de yuans (15 milliards d’euros), tandis que le résultat d’exploitation a triplé à 12,2 milliards de yuans. Le chinois, qui s’est hissé à la quatrième place mondiale des fabricants de smartphones, derrière Samsung, Apple et Huawei, a écoulé l’an passé 91 millions d’appareils à un prix moyen de 116 euros.

Mais tout n’a pas été rose. En 2016, la société a même connu un trou d’air, écoulant moins de smartphone que l’année précédente. « Nous avions grandi trop vite, nous n’avions pas les fondations pour affronter de nouveaux défis. Nous avons délibérément ralenti notre croissance pour nous concentrer sur l’innovation, la qualité et la chaîne logistique », a reconnu Lei Jun, dans sa lettre aux actionnaires.

Sur les chapeaux de roue

Depuis, Xiaomi est reparti sur les chapeaux de roues. Au premier trimestre 2018, ses ventes ont fait un bond de 129 % sur un an, avec 29,3 millions d’appareils écoulés, et ce alors que « la plupart des fabricants mondiaux ont reculé, à l’exception de Huawei », relève le cabinet de conseil IHS Markit.

Si le groupe parvient à croître aussi vite, c’est, notamment, parce qu’il a développé les ventes dans ses propres boutiques et grâce à la signature de partenariats avec des distributeurs en Chine et en Inde. Il devra encore réussir son développement hors d’Asie. Après l’Espagne en novembre 2017, Xiaomi se lancera en France le 22 mai, avec l’ouverture d’un premier magasin à Paris.

Xiaomi s’est également diversifié dans les enceintes connectées et investit massivement dans l’intelligence artificielle. Et il fabrique ses propres processeurs. Autant d’activités qui rendent nécessaires les fonds de l’entrée en Bourse.