Le réalisateur britannique Terry Gilliam est au cœur d’une bataille juridique avec le producteur portugais Paulo Branco. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le Centre national du cinéma (CNC) a décidé d’attribuer jeudi 10 mai un visa d’exploitation en salles au film L’Homme qui tua Don Quichotte, du réalisateur britannique Terry Gilliam, au cœur d’un imbroglio juridique avec son producteur. Cette décision fait suite à celle du tribunal de grande instance (TGI) de Paris la veille d’autoriser le Festival de Cannes à diffuser au public le film de l’ex-Monty Python en clôture de sa 71e édition.

La justice avait été saisie en référé par le producteur portugais Paulo Branco, qui estime que ses « droits exclusifs » sur le film ne sont pas respectés. Refusant de s’avouer vaincu, Paulo Branco, 67 ans, a considéré qu’au bout du compte la justice française lui avait accordé « une victoire ». La décision du TGI permettra aux professionnels « de voir le film » et « nous conforte dans nos droits », selon M. Branco.

Bataille juridique

Le producteur s’est notamment félicité que l’ordonnance énonce que lors de la projection du 19 mai, le Festival devra annoncer à l’écran que cette séance « ne préjuge en rien des droits revendiqués » sur le film par M. Branco et par sa société de production, Alfama Films.

Paulo Branco a acheté les droits d’auteur réalisateur du film en avril 2016. Mais, à la suite de différents désaccords artistiques et financiers avec M. Branco, Terry Gilliam s’était tourné vers d’autres producteurs, dont Kinology.

C’est avec ces producteurs que le cinéaste a finalement réalisé son film entre mars et juin 2017, pour 16,3 millions d’euros, mettant fin, croyait-il, à vingt ans de malédiction d’un film tourné dans des conditions dantesques il y a vingt ans et resté inachevé jusqu’en 2017.

« La décision du juge des référés d’hier a confirmé qu’il serait disproportionné d’empêcher la diffusion de l’œuvre en raison de ce conflit, lequel sera tranché définitivement par la juridiction judiciaire », a écrit le CNC dans un communiqué jeudi.

La bataille juridique est en effet loin d’être terminée. Pour M. Branco, l’ordonnance prise mercredi ne règle pas « le fond » du litige qui l’oppose à Terry Gilliam, ses producteurs (Kinology, Tornasol) et son diffuseur (Océans Films). Saisie sur le fond, la justice française rendra un jugement en appel le 15 juin.