Daphné Bürki et Faustine Bollaert animent respectivement « Je t’aime etc » et « Ça commence aujourd’hui » / France 2

Amour, sexe et bibelots. Telle est la recette qui a permis à France 2 de retrouver des couleurs l’après-midi. En berne depuis quelques saisons, la tranche 14 heures-17 heures (hors week-end), réunit désormais, en moyenne, près de 700 000 téléspectateurs (8,2 % de part d’audience contre 6,5 % en septembre 2017). Soit une progression de 26 %.

Pour Caroline Got, directrice exécutive de France 2, ces bons résultats valident une « prise de risque » : celle d’avoir mis, à l’antenne trois nouvelles émissions « bienveillantes ». « Nous avons choisi de proposer une offre très incarnée, avec des personnalités féminines, à des heures où les gens sont extrêmement isolés chez eux », souligne-t-elle.

Ainsi, à 13 h 55, Faustine Bollaert, débauchée de M6, anime « Ça commence aujourd’hui », une émission de témoignages qui repose essentiellement sur des histoires d’amour. Ce talk-show n’est pas sans rappeler « Toute une histoire » (également produit par Réservoir Prod et animé auparavant par Sophie Davant), mais en beaucoup moins mélo. À 15 h 10, Daphné Bürki, transfuge de Canal+, présente « Je t’aime, etc. », où sur un ton assez coquin, l’animatrice parle de sexe sous différents aspects. « Les thématiques sur l’amour, les difficultés à vivre à deux dans un contexte où les gens se séparent, bizarrement, n’avait pas réellement de lieu à la télévision, explique Caroline Got. C’est notre rôle d’offrir au public un espace où nous lui donnons la parole et où il se retrouve au cœur du dispositif. »

Dès 16 h 20, fin de l’intimité. Le ton change avec « Affaire conclue », un programme de vente aux enchères présenté par Sophie Davant. Très marketée, cette émission produite par Warner aurait pu trouver sa place sur des antennes plus « feel good » comme M6, Chérie 25 ou RMC Découverte. « Justement, cette émission est diffusée sur la ZDF, la chaîne publique allemande où elle connaît un très grand succès. Ce programme est 100 % service public car on y raconte des histoires humaines à travers des objets et l’on apprend plein de choses en se divertissant. » estime Mme Got.

Sophie Davant sur la plateau d’« Affaire conclue ».

Grâce à ce magazine, France 2 a mis fin à la chute de ses audiences. Mieux, il permet à la chaîne d’être régulièrement leader sur cette case de fin de journée. En huit mois, l’émission qui rassemblait, début septembre, 420 000 accros à la brocante (6,3 % de PDA) a pratiquement doublé son audience, pour atteindre une moyenne de 771 000 téléspectateurs (10,7 % de PDA). Voire plus, avec l’épisode diffusé à 17 heures qui attire près d’1,2 million de téléspectateurs (13 % de PDA). « La dernière fois qu’on a connu une telle progression c’était avec Un dîner presque parfait sur M6 [en 2008], note Caroline Got, avant de relativiser ce succès. Nous sommes revenus à des scores d’il y a six-sept ans. »

Forte de ce beau résultat, France 2 a décidé de diffuser en prime time, jeudi 10 mai, à 20 h 55, un numéro spécial d’« Affaire conclue ». « En Allemagne, la ZDF a réuni 6 millions de téléspectateurs », souligne-t-elle, même si elle ne s’attend pas à réaliser un tel chiffre.

La direction de France 2 n’affiche aucun triomphalisme. Il est vrai que la chaîne aura mis du temps avant de trouver la bonne formule pour redresser ses audiences. « Si on ne prend pas de risque, on ne risque pas de se planter », estime Caroline Got. À plusieurs reprises, France Télévisions a tenté de relancer ses après-midi en mettant à l’antenne de nouveaux concepts. Comme en 2016 avec les talk-shows « Amanda », animé par Amanda Scott et « Actuality », présenté par Thomas Thouroude. Faute d’audience, les deux programmes furent remplacés en cours de saison par l’émission culinaire « Un chef à l’oreille », d’Elodie Gossuin et « Tout le monde à son mot à dire » de Sidonie Bonnec et Olivier Minne. « Nous sommes à rebours des autres chaînes qui diffusent l’après-midi des séries américaines ou allemandes. Notre volonté est de garder un lien avec les téléspectateurs, explique encore Mme Got. Etre présent avec bienveillance fait partie de notre mission de service public. »