Hakim Ziyech sous le maillot de l’Ajax Amsterdam lors d’un match de championnat des Pays-Bas contre le Feyenoord Rotterdam, le 21 janvier 2018. / OLAF KRAAK / AFP

C’était au soir d’une défaite 3-0 contre l’ennemi intime du PSV Eindhoven, mi-avril. Des fans de l’Ajax Amsterdam, ulcérés par l’affront, bousculent Hakim Ziyech et certains de ses coéquipiers. L’épisode est emblématique des relations ambiguës qui unissent le milieu de terrain et une partie des supporteurs de son club. Depuis deux ans, l’international marocain né aux Pays-Bas est ponctuellement la cible des sifflets et des critiques d’une minorité active d’entre eux.

« Ziyech, c’est le type même de joueur que les supporteurs de l’Ajax adorent détester. Par le passé, ce fut le cas avec l’Egyptien Mido ou avec Zlatan Ibrahimovic, explique le milieu de terrain français Edouard Duplan, qui évolue depuis 2006 dans le championnat néerlandais. Comme eux, Ziyech a une personnalité qui ne cadre pas forcément avec les habitudes de l’Ajax. Il donne parfois l’impression d’être nonchalant, de ne pas faire beaucoup d’efforts défensifs. Dans un club où tout le monde attaque et où tout le monde défend, ce n’est pas toujours bien vu. Mais tous vous diront que c’est un vrai joueur de ballon. Il a un super pied gauche et, techniquement, il peut faire des choses incroyables. »

Hakim Ziyech, formé au SC Heerenveen, s’est fait remarquer lors de la saison 2013-2014 (avec 9 buts et 9 passes décisives). Son transfert au FC Twente, la saison suivante, fait décoller sa carrière. En deux ans, le jeune milieu de terrain y inscrit 32 buts et délivre 26 passes décisives, dans l’un des championnats les plus offensifs d’Europe. « Il était logique qu’il signe à l’Ajax, un club qui aime les profils techniques », poursuit Edouard Duplan.

« Le prototype du joueur complet »

Avant d’être élu meilleur joueur du championnat des Pays-Bas 2017-2018 par le site spécialisé VoetbalPrimeur et le quotidien De Telegraaf, Hakim Ziyech a vécu une jeunesse compliquée. Après la mort de son père, il a connu des problèmes de délinquance, de drogue, d’alcool, et de discipline quand il fréquentait le centre de formation d’Heerenveen. « Sur le terrain, il a souvent une mine un peu renfrognée, qui ne cadre pas avec le football joyeux et instinctif qu’il propose. C’est le prototype du joueur complet, capable de marquer et de faire marquer. Il a aussi beaucoup progressé dans le travail défensif », apprécie Edouard Duplan. Pas encore assez, apparemment, pour certains supporteurs de l’Ajax.

Le milieu de terrain est, en revanche, adulé par les fans des Lions de l’Atlas. Il est devenu international marocain en 2015 après avoir porté le maillot néerlandais dans les sélections des moins de 19, 20 et 21 ans. Un choix qui lui avait valu quelques critiques aux Pays-Bas. « Je n’avais pas été étonné qu’il opte pour le Maroc. Ici, on le renvoyait souvent à ses origines », se souvient Duplan. « C’est, avec Younès Belhanda et Fayçal Fajr, le joueur le plus technique de la sélection, souligne Fouad Chafik, défenseur de l’équipe nationale marocaine et du club de Dijon, en Ligue 1 française. Il est précieux sur les coups de pied arrêtés. Il a une très bonne frappe de balle et il est adroit devant le but. »

Auteur de 8 buts en 15 matchs pour les Lions de l’Atlas, Ziyech entretient cependant des relations cependant compliquées avec le sélectionneur, Hervé Renard, qui ne l’a pas retenu pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2017, au Gabon. « Quand il n’était pas là ou qu’il était remplaçant, le public scandait son nom. Il est très populaire au Maroc, où les gens raffolent de son style de jeu », conclut Fouad Chafik. Plusieurs clubs européens semblent également sous le charme : l’Olympique de Marseille, l’AS Roma et l’équipe anglaise d’Everton s’intéressent à lui. Le transfert pourrait se négocier entre 55 et 60 millions d’euros.