Un mois après le 78e congrès du Parti socialiste, qui s’est tenu les 7 et 8 avril à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et l’élection du premier secrétaire, Olivier Faure, le politologue Rémi Lefebvre, spécialiste du PS, dresse le bilan.

Comment jugez-vous les premiers pas d’Olivier Faure à la tête du PS ?

Le PS est inexistant médiatiquement, il est relégué. Olivier Faure, qui n’est déjà pas très connu, n’a pas profité de l’exposition que lui offrait le congrès. On a beaucoup plus entendu François Hollande au moment de la sortie de son livre [Les Leçons du pouvoir, Stock, 288 p., 22 €]. Les socialistes n’ont pas repris la main.

Il faut prendre acte que le PS n’est plus un parti de premier plan. Quant à la nouvelle direction, elle est surtout composée d’apparatchiks : il n’y a pas d’intellectuels, d’associatifs ou de syndicalistes. La mise en route semble donc compliquée.

Comment l’expliquez-vous ?

C’est paradoxal parce qu’au moment où Olivier Faure a clairement installé le PS dans l’opposition, les socialistes ne capitalisent pas sur le virage à droite d’Emmanuel Macron. C’est surtout Jean-Luc Mélenchon et la « Fête à Macron » qui se font entendre.

La ligne politique du PS reste floue et le positionnement du nouveau premier secrétaire n’est pas clair. On ne connaît pas non plus la position officielle du parti concernant le bilan du quinquennat qui vient de s’achever. Il a été remis aux calendes grecques. Or, faire un bilan en décembre 2018 n’aurait aucun sens !

Le PS a-t-il un avenir ?

La vie politique est tellement bouleversée qu’il est difficile de répondre à cette question. Beaucoup au sein du parti se disent encore « on reviendra de toute façon, l’espace est là ». Mais ils se trompent. De nombreux sympathisants socialistes apprécient Emmanuel Macron et l’espace à gauche est occupé par La France insoumise et Benoît Hamon. L’espace politique du PS est donc potentiellement préemptable.

L’avenir du parti se mesurera à l’aune des prochaines élections municipales en 2020 : soit ils gagnent ou se maintiennent, le rebond est alors envisageable ; soit ils s’effondrent encore électoralement et ils meurent.