Une scène de « Tristesses » au Théâtre de l’Odéon. / CHRISTOPHE ENGELS

LES CHOIX DE LA MATINALE

Danse, musique et théâtre sont au programme cette semaine.

MUSIQUE. Le trompettiste de jazz Tom Harrell au Duc des Lombards

Le trompettiste et bugliste Tom Harrell, en juillet 2013. / ANGELA HARRELL/TOMHARRELL.COM

Parmi les premiers musiciens à avoir fait appel au trompettiste Tom Harrell, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, l’on peut citer Stan Kenton, Woody Herman ou Horace Silver. Des maîtres du swing. Puis des inventeurs de formes tels George Russell, Lee Konitz ou Phil Woods, l’ont sollicité. Grosse carrière de sideman donc, tout en menant depuis 1989 ses propres groupes – son travail d’arrangeur pour lui-même ou de nombreuses formations, en particulier des big bands, est remarquable. Ses qualités d’instrumentiste : le contrôle du souffle, qui donne à son bugle et sa trompette une sonorité de velours, une caresse délicate ; un phrasé exact, dans le tempo le plus lent comme dans des élans énergiques ; un sens de la construction soliste. Et par-dessus tout, un jeu de pleine émotion ; Le Duc des Lombards, à Paris, le reçoit régulièrement. Ces vendredi 11 et samedi 12 mai, il y sera en quartette avec le pianiste Danny Grissett, le bassiste Ugonna Okegwo et le batteur Adam Cruz, tous trois fidèles accompagnateurs. Sylvain Siclier

Duc des Lombards, 42, rue des Lombards, Paris 1er. Mo Châtelet-Les Halles. Tél. : 01-42-33-22-88. Les 11 et 12 mai, à 19 h 30 et 21 h 30. De 28 € à 35 € ; formules avec boisson et restauration de 44 € à 87 €.

MUSIQUE. Journées de l’orgue dans toute la France, les 12 et 13 mai

Orgue de la collégiale Sainte-Croix, à Montélimar. / AMIS DE L’ORGUE DE LA COLLÉGIALE SAINTE-CROIX

Depuis 2013, le Jour de l’orgue, initié par l’association Orgue en France, rassemble des centaines de manifestations autour de l’orgue chaque deuxième week-end du mois de mai – cette année les 12 et 13 mai. L’occasion pour les organistes, qu’ils soient professionnels, amateurs ou étudiants, les facteurs d’orgues, les associations, d’unir leurs efforts pour valoriser l’important patrimoine organistique français, environ 8 800 orgues répertoriés, dont 1 382 classés Monuments historiques. Disponible sur le site Orgue-en-France.org, un agenda répertorie tous les événements proposés dans toute la France, région par région, ville par ville. A savoir, plus de 850 concerts et auditions, expositions, projections de films, animations scolaires, sans oublier la simple ouverture de tribunes paroissiales à l’issue de l’office. Et bien sûr, la visite d’orgues ou d’un atelier de facteurs d’orgues, un métier de tradition et d’avenir : en France, on compte une soixantaine d’entreprises qui emploient 250 salariés et dégagent un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros, dont 13 % à l’export, le savoir-faire des luthiers français étant internationalement reconnu sur les cinq continents. Marie-Aude Roux

Jour de l’orgue. Les 12 et 13 mai dans toute la France. Tél. : 08-92-97-63-08. Renseignements sur Orgue-en-France.org

THÉÂTRE : Anne-Cécile Vandalem autopsie les « Tristesses » du temps au Théâtre de l’Odéon

Une scène de « Tristesses » au Théâtre de l’Odéon. / CHRISTOPHE ENGELS

Comment appelle-t-on les habitants d’une île qui s’appelle Tristesses ? L’auteure, metteuse en scène et comédienne belge Anne-Cécile Vandalem ne donne pas la réponse. Mais elle signe un spectacle formidable, qui a été un des grands succès du Festival d’Avignon 2016, et qui est aujourd’hui repris au Théâtre de l’Odéon. L’artiste s’est inspirée d’un fait divers qui a eu lieu sur l’île de Samso, au Danemark, pour écrire cette fiction qui prend le tour d’un polar politique, et qui fait montre d’un goût et d’un talent certains pour la narration et la comédie noire. Sur cette île où ne vivent plus que huit habitants, débarque un jour la chef d’un parti populiste d’extrême droite, à la suite du suicide de sa mère.

Un bon polar, c’est d’abord une question d’atmosphère, et Anne-Cécile Vandalem sait y faire en la matière, installant un climat d’étrangeté bienvenu sur le plateau où se serrent de petites maisons en bois dans lesquelles l’œil de la caméra nous permet d’entrer dans l’intimité des habitants. Et c’est ainsi qu’Anne-Cécile Vandalem débusque la souffrance muette et la solitude, la violence intime et collective, toutes nos tristesses d’aujourd’hui. Fabienne Darge

Tristesses, de et par Anne-Cécile Vandalem. Théâtre de l’Odéon, jusqu’au 27 mai. Tél. : 01-44-85-40-40. De 6 € à 40 €.

DANSE. Un autoportrait dansé, du Bangladesh à Londres, à Noisy-le-Grand

Chotto Desh / Akram Khan Company - trailer
Durée : 02:26

Pour le jeune public mais pas que, le chorégraphe Akram Khan a extrait de son solo Desh (2011), somptueux et émouvant autoportrait, une petite forme intitulée Chotto Desh. Entre danse traditionnelle indienne kathak, geste contemporain et texte, cette pièce, véritable conte initiatique et identitaire, part sur les traces des parents du chorégraphe originaires du Bangladesh, qu’ils ont quitté pour émigrer à Londres en 1971. Retour au pays, quête de soi et de ses racines, la cartographie du héros navigue entre fiction et réalité, enveloppée dans un piège d’images vidéo magiques conçues par le designer Tim Yip. Cette pièce à succès est en tournée. Rosita Boisseau

Chotto Desh, d’Akram Khan. Le 12 mai, 20 h 30. Espace Michel-Simon, 36, rue de la République, 93160 Noisy-le-Grand. De 13 à 24 euros. Du 15 au 17 mai, Ballet Preljocaj, Pavillon Noir, Aix-en-Provence. De 8 € à 20 €.

EXPOSITION. Les affiches de Mai 68 aux Beaux-Arts de Paris

« Fosse qui ferme », affiche sérigraphiée, 70 x 50 cm. / COLL. DES ARCHIVES NATIONALES

De « Jouissez sans entraves » au « Prolétaires de tous pays, caressez-vous ! », les slogans de mai 1968 prônaient une révolution gaie. A l’Ecole des beaux-arts de Paris, elle était aussi studieuse : on y a appris la pratique de la sérigraphie, importée des Etats-Unis par Guy de Rougemont. L’atelier populaire qui s’y constitua produisait chaque nuit des affiches qui étaient placardées au petit matin dans les rues pour titiller le pouvoir en place. L’exposition ­ « Images en lutte » en fait un accrochage presque exhaustif, avec le célèbre « La chienlit, c’est lui ! » et la silhouette du général de Gaulle qui a tout de la marionnette, et d’autres, plus ­confidentielles, voire inédites ; mais elle montre aussi des tableaux produits à l’époque, figuratifs par Fromanger ou Rancillac, et abstraits géométriques avec Julio Le Parc, ou explorant plus radicalement les formes avec les Buren-Mosset-Parmentier-Toroni (BMPT), ou les artistes du groupe Supports-Surfaces, qui questionnaient la matérialité de leur travail. Harry Bellet

« Images en lutte. La culture visuelle de l’extrême gauche en France (1968-1974) ». Palais des beaux-arts, 13, quai Malaquais, Paris 6e. Du mardi au dimanche de 13 heures à 19 heures. Entrée 4 € et 7,50 €. Jusqu’au 20 mai.