Un système israélien de défense aérienne utilise petits missiles guidés par radar, pouvant anéantir en plein vol des roquettes de courte portée et des obus d’artillerie et de mortier. / Ilia Yefimovich/dpa

Dans la nuit de mercredi 9 à jeudi 10 mai, Israël a annoncé avoir intercepté vingt roquettes tirées depuis la Syrie en direction du plateau du Golan. L’interception de ces armes – attribués à la force Al-Qods, chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iraniens – a été mise au crédit du système « Dôme de fer » (« Kipat barzel », en hébreu) par les militaires israéliens. Ce système de défense aérienne, dont la mise en place avait été décidée en 2005, est l’un des éléments centraux du système de protection développé par Israël depuis le milieu des années 1990.

  • Comment fonctionne ce système ?

Le « Dôme de fer » recourt à de petits missiles guidés par radar, pouvant anéantir en plein vol des roquettes de courte portée − de 4 à 70 kilomètres – et des obus d’artillerie et de mortier. Chaque batterie du Dôme de fer comprend un radar de détection et de pistage, un logiciel de contrôle de tir et trois lanceurs équipés chacun de vingt missiles d’interception.

Le système repère la trajectoire de la roquette depuis son lancement. Si elle doit s’abattre sur une zone habitée, il tire un missile pour l’intercepter en vol. Selon des statistiques de l’armée, qui avaient communiqué en 2014, le taux de réussite oscille entre 75 % et 90 %.

Le temps de prise de décision est court, environ deux minutes entre le lancement et l’impact d’un projectile, note Joseph Henrotin, rédacteur en chef de la revue Défense et sécurité internationales (DSI). Cela explique que l’interception se fasse près du point d’impact, une fois que le système est verrouillé sur la cible.

  • Quel est son coût ?

Chaque batterie de tir coûte 500 000 dollars (420 500 euros) et chaque missile 60 000 dollars (50 500 euros). La mise en place du système avait d’ailleurs été retardée, pour mieux former le personnel, mais aussi parce qu’il semblait exagérément cher.

Israël aurait investi un milliard de dollars dans le développement et la production de ces batteries de tir, confié au groupe d’armement public Rafael Advances Defence Systems. Les Etats-Unis en ont financé une partie.

  • Où sont installées les batteries de tir ?

La première batterie de tir a été installée en mars 2011 dans la région de Bersheeva, à quarante kilomètres de la bande de Gaza et à portée des roquettes Grad, de conception russe. Trois autres ont été installées près des villes côtières d’Ashkelon et Ashdod, au sud de Tel-Aviv, et près de Netivot, à vingt kilomètres de la bande de Gaza. Une cinquième batterie a été installée, fin 2012, à Tel-Aviv. Une batterie supplémentaire a été déployée ensuite, puis, fin 2017, plusieurs autres dans le centre du pays. Le système, semi-mobile, a aussi été testé sur des navires, posé sur des bases de conteneurs.

  • Quelle est l’efficacité du système ?

Selon les Israéliens, une batterie serait en mesure de défendre efficacement une ville de 100 000 habitants, comme Ashkelon. Le système aurait permis, pendant l’offensive israélienne « Pilier de défense » sur la bande de Gaza, en novembre 2012, d’intercepter 85 % des roquettes venues de l’enclave palestinienne (quelque 1 500 roquettes avaient été tirées).

Cette estimation avait été contestée à l’époque par l’expert militaire du quotidien israélien Haaretz, Reuven Pedatzur, qui avançait un taux proche de 5 %. Le spécialiste s’appuyait sur les évaluations du professeur américain Theodore Postol du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Le Pentagone, de son côté, a procédé à ses propres études et conclu que le système n’était pas dénué d’efficacité.

En juillet 2014, selon le journaliste militaire d’Haaretz, Amos Harel, le système avait enregistré un taux de réussite de 90 % lorsqu’il avait été activé pour intercepter des dizaines de roquettes tirées par les mouvements palestiniens depuis la bande de Gaza (le système n’était activé que lorsque les projectiles se dirigeaient vers des zones habitées).

  • Y a-t-il d’autres dispositifs d’interception ?

« Depuis le milieu des années 2000, les Israéliens ont un système intégré de surveillance antibalistique et antiaérien multicouches », indique Joseph Henrotin. Ce système s’appuie sur des avions de détection aérienne avancée, des stations de radar volantes et des radars au sol. « Le Dôme de fer a son propre système de radars, relié également au centre. Il dispose d’un meilleur radar de détection en termes de trajectrométrie. »

D’autres dispositifs d’interception complètent ce système : « Fronde de David » (« Kala David ») a été déployé en 2017. Ce système est dirigé contre les missiles de courte portée (supérieure à 70 km mais inférieure à 250 km), les roquettes de longue portée, les gros calibres (dont les ogives peuvent aller jusqu’à une demi-tonne) et les missiles de croisière.

Le système « Arrow » (« La flèche » en français ou « Hetz » en hébreu), opérationnel depuis 2000, protège Israël des missiles balistiques d’une portée supérieure à 250 kilomètres. Washington finance la moitié de son coût annuel. Le programme Arrow II a été développé par Boeing et Israel Aerospace Industries (IAI), à partir de 1995, pour éliminer les missiles balistiques conventionnels à plus longue portée, en particulier iraniens (d’une portée de plus de 1 600 km).

Pour contrer une éventuelle attaque nucléaire de Téhéran, Israël a développé un intercepteur qui peut localiser et entrer en collision avec des missiles balistiques au-delà de l’atmosphère terrestre : Arrow III. Sa conception, confiée à IAI et Boeing, a été lancée en 2008. Il a été transféré à l’armée de l’air en 2017.