« Perpetual Identities - Nigeria » (2016 ), de Katya Traboulsi. / Galerie Dominique Fiat

Katya Traboulsi fait de la géopolitique en sculpture. Née au Liban en 1960, peintre et essayiste, elle a choisi pour cela une forme familière à ses concitoyens, l’obus. Chacun de ceux qu’elle produit se caractérise par son matériau et ses ornements. L’iranien est en bois peint d’un paysage et de figures du style des peintures mogholes ; l’irakien est en pierre blanche et marbre, avec une tête façon Sumer ; le yéménite ressemble à une stèle anthropomorphe de calcaire ; le nigérian est habillé de perlages colorés à motifs géométriques ; la porcelaine de l’obus turc est peinte d’oiseaux et de fleurs… Il y en a une douzaine, posés sur deux caissons de bois vert kaki. On admire l’efficacité du symbolisme et l’habileté avec laquelle l’artiste insère des références historiques et religieuses dans le ventre et la partie fuselée de l’obus. On peut aussi s’amuser de voir des allusions artistiques prendre possession d’un objet de mort. Mais ces pays dont ces munitions sont supposées venir sont des nations aujourd’hui en guerre, ce qui est nettement moins plaisant.

« Perpetual identities », Galerie Dominique Fiat, 16, rue des Coutures-Saint-Gervais, Paris 3e. Tél. : 01-40-29-98-80. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures Jusqu’au 28 mai.