Série documentaire sur Netflix à la demande

THE DEFIANT ONES I Official Trailer - Jimmy Iovine and Dr. Dre Netflix Docuseries
Durée : 01:51

Diffusée sur la chaîne américaine câblée HBO durant l’été 2017, la série documentaire The Defiant Ones (Les Intrépides, en français) fait les beaux jours de Netflix en Europe depuis sa mise en ligne en mars. Les quatre ­épisodes d’une heure, réalisés par Allen Hughes, racontent les vies croisées de deux des plus grands architectes de l’industrie musicale actuelle : le producteur – et père du gangsta rap avec son groupe NWA – Dr. Dre, 53 ans, et l’ex-ingénieur du son et patron de maisons de disques Jimmy ­Iovine, 65 ans.

Andre Young, alias Dr. Dre, a lancé les carrières des artistes hip-hop Snoop Dogg, Eminem, 50 Cent et Kendrick Lamar, lauréat du prix Pulitzer 2018. Jimmy Iovine a travaillé pour les monstres sacrés de la culture rock : John Lennon, Bruce Springsteen, Patti Smith, Tom Petty, U2 ou encore le chanteur et producteur du groupe Nine Inch Nails, Trent Reznor. Leur rencontre, au début de l’année 1992, va cimenter une ­collaboration professionnelle et une amitié qui durent jusqu’à aujourd’hui. Ensemble, ils ont marqué l’industrie musicale et lancé leur propre marque d’enceintes, Beat Electronics, rachetée par Apple en 2014.

« The Defiant Ones », c’est l’« Amicalement vôtre » (série ­télévisée britannique des années 1970, mettant en scène deux hommes riches) de la culture hip-hop et de la musique rock… sauf qu’aucun des deux protagonistes n’est un lord anglais. Natif de Brooklyn, Jimmy Iovine est fils de docker italien. Il s’inscrit à l’université pour devenir ingénieur et éviter la mobilisation et le départ pour le Vietnam. Andre Young, lui, a été élevé par sa mère célibataire à Compton, une commune paupérisée au sud de Los Angeles. A cette époque, la guerre entre les gangs du quartier cause la mort d’environ 800 jeunes chaque ­année. Le futur Dr. Dre échappe à la violence de la rue grâce à ses platines vinyles et à la table de mixage offerte par sa mère à Noël.

Archives inédites

Cet aller-retour incessant entre les vies des deux hommes plonge le spectateur au cœur de la ­culture pop américaine. Les ­parcours et les visions se répondent. Le film débute sur une anecdote qui met en scène l’indifférence des rappeurs face au secret des affaires. Alors que le contrat avec Apple n’est pas encore signé, Dr. Dre, ivre, se vante, sur le compte Snapchat de son ami ­acteur Tyrese Gibson, de devenir le premier milliardaire de la culture hip-hop. Allen Hughes sait jouer habilement avec les dialogues et les silences des nombreuses personnalités du documentaire – parmi lesquelles on trouve Eminem, Bruce Springsteen, Puff Daddy, Patti Smith, Kendrick Lamar, Bono, Gwen Stefani notamment – pour instiller un soupçon de dramatique dans le récit.

Dr. Dre dans « The Defiant Ones »,  d’Allen Hughes. / NETFLIX

L’investissement de « Dre » et de Iovine dans la réalisation de cette série explique la présence d’archives inédites. On y découvre le producteur du gangsta rap, déguisé en chirurgien dans un costume de satin violet, dans son club de Compton, Eve After Dark. Ou ­encore Jimmy Iovine en studio avec Bruce Springsteen, sur l’album Darkness on the Edge of Town (1978), ou travaillant avec U2 sur Rattle & Hum (1988). Dans l’éloge permanent, le documentaire se rattrape par un récit particulièrement bien construit.

The Defiant Ones, d’Allen Hughes (EU, 2017, 4 × 60 min). Egalement disponible en DVD (Universal Pictures).