Les syndicats de la SNCF l’avaient par avance surnommée « journée sans cheminots ». Le lundi 14 mai, dix-huitième jour de la grève par épisodes, qui a commencé le 3 avril dernier, a effectivement coïncidé avec un regain de mobilisation des opposants à la réforme ferroviaire.

Le trafic ferroviaire était très perturbé dans la matinée du 14 mai, les voyageurs pouvant tabler en moyenne sur un TGV, TER ou Transilien sur trois et un Intercités sur cinq, avec des situations contrastées en fonction des régions. Selon la SNCF, le taux de grévistes, lundi, des personnels soumis à déclaration préalable (c’est-à-dire indispensables à la circulation des trains), et mesuré la veille, dimanche 13 mai, se montait à 49,8 %, soit un niveau très légèrement supérieur au taux enregistré le 3 avril (48 %).

Comme à chaque fois, le niveau de mobilisation a été particulièrement élevé chez les conducteurs (76 %), le taux de déclaration préalable dépassant également les 70 % chez les contrôleurs (74,2 %) et se montant à 36 % chez les aiguilleurs. Mercredi 9 mai, le pourcentage de grévistes était tombé à 14,46 % en matinée, le plus faible depuis le début du mouvement, les conducteurs demeurant en majorité mobilisés (53 %).

Référendum syndical

Cette journée du lundi 14 mai donne aussi le coup d’envoi de la consultation lancée auprès des 147 000 salariés de la SNCF par les quatre syndicats représentatifs du groupe public (CGT-Cheminots, UNSA-Ferroviaire, SUD-Rail et CFDT-Cheminots), unis depuis le début de la contestation. Ce référendum « pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement », appelé « votaction » par les syndicats, prendra fin le 21 mai, quelques jours avant l’examen de la réforme au Sénat.

Sans valeur juridique et jugé « illégitime » par la direction de la SNCF, la consultation est également conçue, selon Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, comme « une modalité d’action », qui vise à « expliquer aux cheminots le contenu de cette réforme et discuter avec eux ».

Reste à savoir si ce sursaut du mouvement constitue une vraie relance du conflit ou n’est que le chant du cygne d’une mobilisation qui a commencé à s’essouffler. Le pourrissement sans franche sortie de grève comporte des risques : celle des actions isolées et jusqu’au-boutistes. Le 14 mai au matin, le trafic des trains était interrompu entre Paris-Saint-Lazare et la Normandie en raison d’un acte « de malveillance » au niveau d’une caténaire dans l’Eure. La SNCF qui craignait des actions de ce type va porter plainte.