Captures d’écran des vidéos réalisées par l’Ecole urbaine de Lyon.

Les innovations qui bouleversent le fonctionnement de nos villes permettront-elles de réduire les inégalités qui les traversent ? Une trentaine de personnes invitées par Le Monde — élu·e·s, chercheurs et chercheuses, architectes, urbanistes, responsables d’association, créateurs, créatrices ou dirigeant·e·s d’entreprise — , débattront de cette question lors d’une conférence organisée jeudi 17 mai à l’hôtel de ville de Lyon. Un événement organisé à l’occasion de la remise des prix européens « Le Monde »-Smart Cities.

Le géographe Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon, rappelle que le discours sur l’intelligence des villes « n’est pas venu, au départ, du monde universitaire, mais de grandes firmes ». Il est issu d’entreprises, comme IBM, qui ont décidé « de créer le marché de la ville instrumentée, équipée (...), de façon à proposer aux collectivités publiques et aux entreprises de réseaux urbains du matériel, des logiciels et des services pour traiter la donnée ».

Michel Lussault - L'approche de la ville apprenante repolitise le concept de la ville intelligente
Durée : 06:50

Le discours des entreprises qui proposent ces nouveaux services s’est d’abord focalisé sur la meilleure utilisation de la dépense publique, et la possibilité, pour les acteurs privés, de dégager plus de marges. « Ce n’est que très tardivement qu’on a commencé à se dire : “Est-ce que la ville intelligente peut être autre chose qu’une ville d’ingénieurs ?” »

La question de l’inclusion sociale et de la réduction des inégalités dans les « smart cities » a émergé depuis les années 2010, et permet aujourd’hui de politiser le concept de « ville intelligente ». Aujourd’hui, cette réflexion est investie par une série d’acteurs, notamment autour d’enjeux environnementaux, sociaux ou culturels.

Juila Bonaccorsi - La "ville intelligente" est un récit qui définit nos rôles et nos identités
Durée : 04:03

Julia Bonaccorsi, professeure en sciences de l’information et de la communication à l’université de Lyon, avance pour sa part que « la ville intelligente construit des figures du citoyen comme usager ». 

Selon elle, il faudra « trouver un juste milieu entre un discours catastrophiste sur un gouvernement du social par les robots et les algorithmes, et de l’autre côté un discours angéliste, qui considère que la machine est transparente et neutre ».

Pour Julie Le Gall, maîtresse de conférences en géographie à l’ENS de Lyon, la smart city « nous oblige à nous poser une grande question : “Qu’est-ce que veut dire faire société ?” » Faire en sorte que la ville intelligente ne soit pas réservée à une élite apparaît comme un immense défi. « La dérive de la compétence à la compétition m’inquiète », dit Julie Le Gall, qui souhaite que tout un chacun ait accès à ce précepte : « Je ne sais pas, mais je peux apprendre. »

Julie Le Gall - Tout le monde devrait pouvoir apprendre à devenir acteur de la ville de demain
Durée : 03:46

Enfin, Hervé Rivano, professeur à l’institut national des sciences appliquées de Lyon, postule que « l’intelligence ne vient pas de la technologie, mais des gens qui vivent dans la ville ».

Selon lui, nous avons dépassé le problème de la fracture numérique, et les nouveaux obstacles sont « culturels, cognitifs, sociaux : “Suis-je en capacité de lire un site Web, d’interagir avec une application ?” »

Hervé Rivano - Un véritable débat démocratique implique la compréhension des enjeux numériques
Durée : 03:56

Comment les villes de demain pourront-elles combler les inégalités sociales, territoriales, générationnelles ou de genre qui les traversent ? Venez en débattre avec Le Monde, jeudi 17 mai, à l’hôtel de ville de Lyon. Inscription en ligne obligatoire (gratuite).

Cette journée de débats est organisée avec le soutien de la ville et de la Métropole de Lyon, et des partenaires des prix de l’innovation urbaine « Le Monde »-Smart cities 2018 : La Poste, EDF, Enedis, Citeo.