Le logo de Didi Chuxing au siège de l’entreprise à Pékin, le 18 mai 2016 / Kim Kyung Hoon / REUTERS

Didi Chuxing, le numéro un du VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur) en Chine, a suspendu pour une semaine, depuis samedi 12 mai, son service de covoiturage, Hitch. Cette décision, annoncée la veille par l’entreprise dans un communiqué publié sur son compte Weibo, a été prise après le meurtre d’une hôtesse de l’air de 21 ans le 6 mai par un chauffeur, un faits divers qui a soulevé indignation et critiques envers l’entreprise.

Le service de covoiturage n’est qu’un des 13 services assurés par Didi Chuxing et n’en représente qu’une part infime, s’est défendu l’entreprise, mais l’impact sur son image est indéniable au moment où Didi, qui a réussi à bouter Uber hors de Chine en 2016, cherche à s’internationaliser.

L’assassinat s’est produit à Zhengzhou, capitale de la province du Henan (centre). L’auteur présumé a pris la fuite et est toujours recherché par la police. Didi Chuxing, qui a offert une récompense de 1 million de yuans (plus de 132 000 euros) pour toute information permettant de le localiser, s’est déclaré « profondément attristé et désolé » et a présenté ses excuses à la famille de la jeune femme.

Mécanismes de sécurité défectueux

L’entreprise a également reconnu ses erreurs : « Nous devons nous efforcer de gagner la confiance de nos utilisateurs. Nos responsabilités dans ce cas sont indéniables », a-t-elle indiqué, reconnaissant un certain nombre de déficiences dans le système de contrôle et de sécurité. L’auteur présumé, âgé de 27 ans, utilisait le compte ouvert par son père. « Notre mécanisme de sécurité de nuit était défectueux de sorte que le mécanisme de reconnaissance de visage en mode nocturne n’a pas été déclenché avant la prise de commande par le conducteur », a déclaré la compagnie. Interviewé par la télévision publique chinoise, le père de la victime s’en est pris à Didi Chuxing, se demandant comment il était possible que de tels individus puissent assurer leur service.

Les autorités chinoises ont annoncé vouloir établir une « liste noire » des chauffeurs utilisant les services des applications telles que Didi Chuxing. Le projet a été publié vendredi par le ministère des transports pour recueillir avis et suggestions. En analysant les jugements ayant impliqué des chauffeurs de VTC depuis 2015, le site d’informations The Paper a recensé 11 cas de viols.

Didi, qui revendique 450 millions d’utilisateurs et 21 millions de chauffeurs, a effectué plusieurs levées de fonds, récoltant au total 13 milliards de dollars notamment auprès d’Alibaba, Tencent, Apple et Softbank. La dernière, effectuée en décembre 2017 et qui s’est élevée à 4 milliards de dollars, doit servir l’internationalisation de l’entreprise, mais aussi les projets d’intelligence artificielle et de véhicule propre.