LES CHOIX DE LA MATINALE

Maintenant que vous connaissez Childish Gambino, vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas regarder Atlanta, la formidable série de Donald Glover, son alter ego acteur et scénariste. Aux plus sérieux d’entre vous, nous proposons une histoire de fantômes à la réalisation léchée, à défaut d’être palpitante, et un essai de décryptage du Bureau des légendes, pour ceux qui rongent leur frein en attendant la saison 4.

« Atlanta » entre rires, rêves et cauchemars

Atlanta Season 2 Trailer (HD)
Durée : 01:01

Quel mois pour Donald McKinley Glover, prolifique acteur, scénariste, réalisateur, producteur, humoriste et aussi rappeur, sous le nom de Childish Gambino ! Lancé le 5 mai, son clip, This Is America, qui fustige l’insouciance des Etats-Unis face au racisme endémique, fait grand bruit outre-Atlantique. Il compte à ce jour plus de 100 millions de vues sur YouTube. Le jeune homme (34 ans) figure par ailleurs, sous son nom d’acteur, Donald Glover, au générique du film Solo : A Star Wars Story, présenté ce mardi 15 au Festival de Cannes, avant sa sortie en salle, le 23 mai.

On retrouve également Donald Glover en tant que créateur, scénariste et acteur principal de la série Atlanta, dont le dernier épisode de la saison 2 vient d’être diffusé sur OCS Go et Canal+ à la demande. Cette brillante comédie dramatique reprend, détourne, retourne comme un gant les postulats, idées reçues et attentes « politiquement correctes » sur ce que c’est qu’être noir aujourd’hui dans une ville comme Atlanta. Les scènes ou épisodes pouvant s’enchaîner selon « la logique des rêves », ainsi que l’a expliqué Donald Glover au New York Times, c’est-à-dire parfois sans logique apparente.

Mise en scène par Hiro Murai et Donald Glover, Atlanta centre son propos sur la vie d’Alfred, dit « Paper Boï », qui perce dans le milieu musical, de son cousin Earl, qui tente de le manager, et de son bras droit Darius, indolent pseudo-poète philosophe. La série a pour cadre une ville où rester en vie s’avère encore un défi et où se construire un futur – hors de la prison – relève de l’exploit. En pariant sur le burlesque, elle évite tout misérabilisme. A ne pas manquer dans cette saison : l’impressionnant épisode 6, qui, comme le génial épisode 7 de la saison 1, peut se regarder indépendamment du reste.

Atlanta, saison 2. Série créée par Donald Glover. Avec Donald Glover, Brian Tyree Henry, Keith Stanfield (EU, 2018, 11 x 25 min). Disponible sur OCS Go et MyCanal.

« Au-delà des murs » : esprit es-tu là ?

Au-delà des murs - Trailer
Durée : 01:58

Les amateurs de fantastique apprécieront peut-être cette nouvelle tentative d’Hervé Hadmar (réalisateur) et Marc Herpoux (scénariste) de nous immerger dans un genre peu visité par les séries françaises. Après Les Oubliées, dont on avait beaucoup aimé la poésie, et Signature, moins subtile, deux séries qui flirtaient déjà avec le fantastique, le duo créait, en 2016, Au-delà des murs, qu’Arte rediffuse ce jeudi 17 mai. Une série qui nous a laissés de glace, pour ne pas dire profondément ennuyés. Tout en reconnaissant la pertinence de son parti pris et sa réalisation léchée, nous n’y avons vu qu’une accumulation de références, une interminable déambulation sans raison ni intrigue à l’intérieur d’une maison aussi hantée que l’âme humaine, un imaginaire théâtral plaqué sur un personnage féminin sans consistance.

Sans savoir pourquoi, Lisa hérite d’une immense villa décatie située en face de chez elle, à la mort de son propriétaire. Attirée par le mystère de ce legs et de cette étrange maison, elle va se sentir happée par elle, l’explorer jusqu’à en franchir les murs et se perdre en son labyrinthe hanté par d’étranges créatures…

Au-delà des murs, série créée par Hervé Hadmar et Marc Herpoux. Avec Veerle Baetens (France-Belgique, 2015, 2 h 20 min). Les trois épisodes à la suite sur Arte, jeudi 17 mai à 20 h 55.

Pour décrypter « Le Bureau des légendes »

[HD] Le Bureau Des Légendes : Bande annonce - Série TV
Durée : 00:50

En attendant que revienne à l’écran l’excellent Bureau des légendes, on pourra lire l’essai qu’y consacre Yves Trotignon. Cette série d’Eric Rochant a été saluée par des experts du renseignement pour son réalisme dans l’exploration du monde de l’espionnage et sa compréhension de la lutte que se livrent les services secrets. Pour sa part, Yves Trotignon, ancien cadre de la DGSE et ancien diplomate, décrypte ce qu’il considère comme une « remarquable initiation au monde du renseignement ».

Sans doute diffusée à l’automne – le tournage n’a commencé qu’en février –, la saison 4, dans laquelle il s’agira d’infiltrer le milieu de hackers moscovites, est réalisée par la cinéaste Pascale Ferrand et voit apparaître un nouveau personnage : un directeur de la sécurité interne de la DGSE venu faire le ménage dans ses rangs, interprété par Mathieu Amalric.

Le Bureau des légendes. Politique du secret, d’Yves Trotignon (PUF, 180 p., 13 €).