Si les manifestations se poursuivent, le nombre de Palestiniens à la frontière devrait être « moins élevé » qu’hier, selon un responsable du Hamas. / MOHAMMED SALEM / REUTERS

La communauté internationale craint de nouveaux affrontements entre Palestiniens et Israéliens, alors que les Palestiniens de la bande de Gaza sous blocus et de Cisjordanie commémorent, mardi 15 mai, la Nakba, la catastrophe qu’a représenté à leurs yeux la création de l’Etat d’Israël en 1948 et l’exode de centaines de milliers d’entre eux.

La veille, tandis qu’officiels israéliens et américains célébraient en grande pompe l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem, 58 Palestiniens, dont huit mineurs, ont été tués par les tirs israéliens, et 2 400 autres ont été blessés lors d’affrontements à la frontière de la bande de Gaza. Le bilan humain s’est encore alourdi mardi matin avec l’annonce faite par le ministère gazaoui de la santé de la mort d’un bébé, qui avait inhalé des gaz lacrymogènes lors des heurts.

La bande de Gaza est depuis le 30 mars le théâtre d’une protestation massive appelée « grande marche du retour ». Elle vise à défendre la revendication des Palestiniens à retourner sur les terres qu’ils ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d’Israël en 1948. Il s’agit aussi de dénoncer le blocus imposé depuis plus de dix ans à la bande de Gaza par Israël pour contenir le Hamas.

Réunion du Conseil de sécurité

Les réactions internationales ont condamné l’usage démesuré de la force par l’armée israélienne. La Turquie a notamment accusé l’Etat hébreu de « terrorisme d’Etat » et de « génocide ». Le président français, Emmanuel Macron, a « condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants » palestiniens.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a prévu de se réunir à 14 heures, à l’initiative du Koweït. Mais l’issue d’une telle réunion reste incertaine : la veille, les Etats-Unis, allié historique d’Israël, avaient déjà bloqué l’adoption d’un communiqué du Conseil de sécurité qui entendait exprimer son « indignation » « face à la mort de civils palestiniens exerçant leur droit à manifester pacifiquement ».

Journée de funérailles et de grève

Khalil Al-Hayya, l’un des responsables du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige la bande de Gaza, a assuré lundi soir que le mouvement allait se poursuivre. Des manifestations sont également prévues en Cisjordanie, distante de Gaza de quelques dizaines de kilomètres à travers le territoire israélien.

Si les manifestations se poursuivent, le nombre de Palestiniens à la frontière devrait être « moins élevé » qu’hier, a estimé un responsable du Hamas cité par l’agence américaine AP. Khaled Batsh, chef des comités locaux organisant la résistance palestinienne sur le terrain a, quant à lui, laissé entendre que la journée de mardi serait plutôt dédiée « aux funérailles » des Palestiniens tués lundi, ainsi qu’à la grève générale décrétée par l’autorité palestinienne.

L’armée israélienne, qui a mobilisé des milliers d’hommes autour de la bande de Gaza et en Cisjordanie, a dit s’attendre à de nouvelles violences. « Toute activité terroriste appellera une riposte vigoureuse », a-t-elle prévenu. Israël redoute le scénario cauchemar de Palestiniens forçant la barrière de sécurité et s’infiltrant en Israël où ils pourraient menacer les populations civiles. Il a prévenu qu’il emploierait « tous les moyens » pour protéger la barrière, ses soldats et les civils.