Sur le campus de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, le 15 mai 2018. / Salma Niasse

De nouveaux heurts entre étudiants et forces de l’ordre ont éclaté mercredi 16 mai dans plusieurs universités du Sénégal, au lendemain de la mort d’un étudiant dans le nord du pays lors d’une confrontation avec les gendarmes. A Dakar, les étudiants lançaient des pierres sur la police, qui répliquait par des tirs de grenades lacrymogènes, aux abords de l’université Cheikh-Anta-Diop, la plus grande du pays, où des événements similaires s’étaient déjà déroulés la veille, ont constaté des journalistes de l’AFP.

A Ziguinchor (sud), la plus grande ville de Casamance, des étudiants ont également affronté la police, qui a là aussi fait usage de gaz lacrymogènes, a affirmé à l’AFP une source policière. Des élèves du secondaire se sont joints au mouvement, selon la même source. A l’université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord), d’où sont partis les troubles mardi, les étudiants ont organisé une procession jusqu’au lieu où est tombé, selon eux, l’étudiant tué lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, où ils ont observé un moment de prière, selon un correspondant de l’AFP.

« Répression sauvage »

L’un des principaux syndicats des enseignants du supérieur, le Saes, « solidaire des étudiants », a commencé mercredi une grève de 48 heures. « Il est inadmissible que la violence des forces de l’ordre ait entraîné une mort d’homme dans le campus », a indiqué le Saes dans un communiqué. Ces nouveaux troubles surviennent après la mort mardi d’un étudiant en lettres de l’université Gaston-Berger de Saint-Louis, Mouhamadou Fallou Sène, à la suite de heurts avec les gendarmes. Le jeuen homme de 25 ans a été tué « par balle », selon les étudiants. Les autorités ont annoncé une autopsie.

Les étudiants de Saint-Louis, qui réclamaient le paiement de leurs bourses, avaient décidé de se servir sans payer pendant 48 heures dans les restaurants de la cité universitaire. Le rectorat avait fait appel aux forces de l’ordre pour empêcher cette action, ce qui a déclenché les troubles, selon les autorités. Mardi soir, le président sénégalais Macky Sall a fait part de sa « profonde émotion » et indiqué avoir « instruit le gouvernement de faire toute la lumière et de situer les responsabilités ».

La mort d’un étudiant, rare au Sénégal, a suscité une vague d’émotion dans le pays. Le Front démocratique et social de résistance, une coalition de l’opposition, a dénoncé « la répression sauvage des étudiants » et « les retards récurrents dans le paiement » des bourses. Des mouvements étudiants ont appelé à la démission du recteur de l’université et du ministre de l’intérieur, Ali Ngouye Ndiaye. Les deux derniers cas de décès d’étudiants tués dans le pays lors de confrontations avec les forces de l’ordre remontent à 2001 et 2014, à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar.