L’ambassadeur palestinien aux Nations unies, après le Conseil de Sécurité de l’ONU où il était venu plaider une protection pour son peuple, à New York, le 15 mai. / Mary Altaffer / AP

Les photos de familles sont parfois trompeuses. Certes, l’image du groupe des pays arabes entourant l’ambassadeur palestinien, Riyad Mansour, venu plaider devant le Conseil de sécurité de l’ONU, mardi 15 mai, une protection internationale pour son peuple, était belle. Certes, l’image des ambassadeurs européens venus lire une déclaration commune appelant Israël « à la retenue » et réclamant une désescalade rapide, était forte. Mais le bloc, soudé derrière la Palestine, n’a pas résisté à la pression d’un seul membre des Nations unies, les Etats-Unis, qui ont affiché un soutien sans faille avec l’allié israélien.

Il y a des images qui valent aussi plus que de longs discours. Celle de Nikki Haley, l’ambassadrice américaine, tournant ostensiblement les talons alors que M. Mansour, le représentant palestinien, prenait la parole, en est une. Le regard las de celui qui se bat depuis trop d’années, M. Mansour, a supplié alors les diplomates « d’arrêter ce massacre contre les Palestiniens », déplorant au passage la « paralysie du Conseil », incapable de s’exprimer alors que Gaza a connu, lundi 14 mai, sa journée la plus sanglante depuis 2014.

Un peu plus tôt, l’ambassadrice américaine avait pourtant vanté « la retenue de l’Etat hébreu » face aux « provocations » des Gazaouis à sa frontière, sans se priver de tacler « des Etats membres du Conseil de sécurité » qui n’auraient, selon elle, certainement pas montré un tel discernement dans des circonstances identiques.

Sourde au rappel des textes

A l’opposé des quatorze autres membres du Conseil, qui ont condamné l’usage disproportionné de la force par Israël et demandé la tenue d’une enquête indépendante, Mme Haley a souligné la responsabilité de « l’organisation terroriste Hamas » qui « a incité à la violence pendant des années, bien avant-même que les Etats-Unis ne décident de déplacer leur ambassade à Jérusalem ».

Sourde au rappel des textes onusiens qui considèrent « nulle et non avenue », la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par Washington, l’ambassadrice Haley a insisté sur « cette réalité historique » qui est, selon elle, un élément-clé « pour parvenir à un accord de paix ».

Outré par les blocages des Américains, qui ont empêché toute expression publique du Conseil depuis le début des violences, il y a sept semaines, l’ambassadeur français François Delattre a estimé que sa « raison d’être » était remise en cause. Il a aussi inventé un nouveau mot pour qualifier l’attitude de Washington : « l’unisolationisme », mélange d’unilatéralisme et d’isolationnisme.

Le Conseil des droits de l’homme des Nations unies se réunira vendredi à Genève en séance extraordinaire pour « débattre de la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens ». La Ligue arabe a appelé le procureur de la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête sur « les crimes de l’occupation israélienne ».

Israël doit aussi faire face aux retombées diplomatiques de la crise. Les relations déjà compliquées avec la Turquie se sont envenimées, Ankara renvoyant l’ambassadeur israélien. Israël a riposté de même avec le consul général turc à Jérusalem, entraînant celle du consul général israélien à Istanbul.