La prison de Kenitra, au Maroc, en 2008. | ABDELHAK SENNA / AFP

La France demande au Maroc de laisser une de ses ressortissantes rendre visite à son mari, un militant pour l’indépendance du Sahara occidental, et suit de « très près » la grève de la faim qu’elle a entamée, a déclaré mardi 15 mai le chef de la diplomatie française.

« A plusieurs reprises, des démarches ont été effectuées auprès des autorités marocaines afin de les sensibiliser sur le cas de Mme [Claude] Mangin et de solliciter immédiatement la possibilité pour elle de se rendre au Maroc pour simplement rendre visite à son mari », a déclaré Jean-Yves Le Drian à l’Assemblée nationale.

« Je suis intervenu plusieurs fois, non seulement officiellement, mais aussi personnellement auprès de mon collègue marocain », a ajouté le ministre français des affaires étrangères, interpellé par le député communiste Jean-Paul Lecoq lors de la séance des questions au gouvernement.

Claude Mangin, professeure d’histoire-géographie de 62 ans, a entamé une grève de la faim le 18 avril après avoir été empêchée d’entrer sur le territoire marocain pour la quatrième fois en près de deux ans alors qu’elle tentait de rendre visite à son mari Naâma Asfari, emprisonné à la prison de Kenitra.

Trente ans de prison

Jean-Yves Le Drian a indiqué que le président Emmanuel Macron, le premier ministre Edouard Philippe et lui-même étaient « régulièrement tenus informés » de sa situation. « Sachez bien que nous avons une veille très particulière et très émotionnelle sur cette question », a assuré le ministre.

Naâma Asfari a été arrêté en 2010 à Laayoune (Maroc), un jour avant le démantèlement du camp de Gdim Izik, théâtre d’une mobilisation contre les discriminations dont les Sarahouis s’estiment victimes.

Ce démantèlement avait dégénéré, et, selon Rabat, onze membres des forces de l’ordre avaient été tués. M. Asfari avait été condamné à trente ans de prison par une cour militaire pour association de malfaiteurs et homicides volontaires, après un procès « inéquitable » et des aveux obtenus sous la torture, selon sa défense.

Le Front Polisario indépendantiste, soutenu par Alger, réclame un référendum d’autodétermination pour le Sahara occidental, une étendue désertique de 266 000 km2. Le Maroc rejette toute solution autre qu’une autonomie sous sa souveraineté.