« Cette génération a moins envie de posséder une voiture, mais elle est prête à dépenser davantage pour les voyages, les concerts, le sport… » / Colin Anderson/Blend Images / Photononstop

Trois sociétés de gestion surfent sur la vague des millennials en proposant des fonds spécifiques. Innovant sur le plan marketing, ces produits ont été lancés il y a environ trois ans, quand le terme était inconnu en France. « Il y a 2,3 milliards de millennials. Leur pouvoir d’achat dépasse celui des baby-boomers. Dans les cinq prochaines années, leurs dépenses vont progresser de 17 %, alors que celles de leurs aînés vont diminuer de 10 % », argumente Yacine Boumahrat, responsable de la distribution en France des produits de Goldman Sachs AM, qui commercialise GS Global Millennial Equity depuis 2016.

Egalement lancé en 2016 par la société de gestion genevoise Decalia AM, le fonds Decalia Millennials sera vendu en France à partir de mai. Son encours de 94 millions de dollars est centré à 55 % sur les Etats-Unis. Ses principaux thèmes d’investissement sont les smartphones, les loisirs, la transition énergétique, le voyage, la santé, le sport et l’alimentation « saine ». On trouve dans son portefeuille ­Apple, Samsung, Netflix, Booking, Expedia, Take­Two, Activision, Electronic Arts, Visa, Nike, Adidas, Under ­Armour… « Mais 35 % de notre actif est investi dans des entreprises dont la capitalisation boursière est inférieure à 10 milliards de dollars. Sur le long terme, leur potentiel d’appréciation est supérieur à ­celui des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) », déclare le gérant Clément Maclou.

Une génération qui se soucie de sa santé et de son alimentation

Les performances sont concluantes : malgré la baisse du billet vert, le fonds affiche un gain de 11,7 % en 2017, un score identique à celui de GS Global Millennial Equity (+ 11,6 %), aussi libellé en dollars. Ce dernier évite les fabricants de smartphones. « Nous préférons les entreprises qui développent des logiciels et traitent les données », dit M. Boumahrat. Centré à 73 % sur les Etats-Unis, il s’agit d’un fonds de « stock-picking » : le gérant choisit les entreprises pour leurs qualités propres, en dehors de toute considération géographique ou sectorielle. Le voyage et les loisirs font néanmoins partie de ses thèmes d’investissement. « Cette génération a moins envie de posséder une voiture, mais elle est prête à dépenser davantage pour les voyages, les concerts, le sport… Vivre des expériences nouvelles est primordial. Mieux informée, elle se soucie aussi davantage de sa santé et de son alimentation », poursuit M. Boumahrat.

« Pour attirer les millennials, l’argent ne suffira pas ; ils veulent un travail qui ait du sens »

La société française Athymis Gestion propose quant à elle deux fonds dédiés à la génération Y, tous deux libellés en euros : Athymis Millennial et Athymis Millennial Europe, qui limite ses investissements au Vieux Continent. Les encours, respectivement de 20 et 17 millions d’euros, sont modestes, mais ils progressent, aidés par des performances séduisantes : 16,7 % et 17,4 % en 2017.

« Les sociétés qui parviennent à capter la clientèle des millennials sont celles qui seront les plus performantes à l’avenir. Et c’est vrai aussi des entreprises qui embauchent les meilleurs de cette génération. Pour les attirer, l’argent ne suffira pas ; ils veulent un travail qui ait du sens », déclare le gérant Stéphane Toullieux.

Outre les habituelles valeurs Internet comme Facebook et Google, il cite L’Oréal et LVMH, des leadeurs mondiaux qui ont su prendre le virage du commerce électronique, Danone et l’éditeur américain de logiciels Salesforce, qui permettent à leurs salariés de s’engager dans des projets sociétaux, ainsi que Sony, le père de la PlayStation, et Nintendo, ­celui de la console portable Switch.