Pio Marmaï et Adèle Haenel sur la plage de la Quinzaine à Cannes, le 14 mai 2018. / STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

La Quinzaine des réalisateurs, section parallèle et non compétitive du Festival de Cannes, qui fêtait cette année sa 50e édition – la dernière de son délégué général Edouard Waintrop –, ne se conclut pas par un palmarès, mais sur une distribution de prix unitaires par ­certains de ses partenaires.

Sur les vingt longs-métrages présentés, seule une poignée d’œuvres véritablement enthousiasmantes ont dominé la sélection, dont deux productions françaises : le formidable En liberté !, de Pierre Salvadori, avec Adèle Haenel et Pio Marmaï, comédie policière désopilante et réflexive sur les pouvoirs de la fiction, récompensée par le Prix SACD ; ainsi qu’Amin, de Philippe Faucon, sobre et émouvant portrait d’un travailleur immigré. Ajoutons-leur Les Oiseaux de passage, des Colombiens Cristina Gallego et Ciro Guerra, film de gangsters se déroulant en milieu indigène, inabouti mais riche de propositions originales.

Alba Rohrwacher sur la plage de la Quinzaine à Cannes, le 17 mai 2018. / STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

En dehors de ces trois-là, un inexplicable cortège de films indigents a grevé la sélection. Comme le film de clôture, Troppa Grazia (Italie), de Gianni Zanasi, impro­bable bondieuserie avec Alba Rohrwacher en géomètre visitée par la Vierge Marie, qui fut distingué par le « Label Europa Cinemas ». Ou encore l’atroce Comprame un revolver (Mexique), le sordide Teret (Serbie), l’acrimonieux Petra (Espagne), plombés d’affects ou d’aspirations autoritaires. Côté français, une conception galvaudée du cinéma de genre a contribué à renforcer les conventions, que ce soit dans Joueurs, de Marie Monge, Le monde est à toi, de Romain Gavras, ou Climax, de Gaspar Noé, film à moitié convaincant, distingué par le Cicae Art Cinema Award.

Stacy Martin et Tahar Rahim, les acteurs du film « Joueurs », à l’hôtel Gray d’Albion à Cannes, le 11 mai 2018. / STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

Restait donc à se replier sur quelques œuvres fragiles ou en demi-teinte, qui n’en firent pas moins preuve de sensibilité, comme l’indolent Los Silencios, de la Brésilienne Beatriz Seigner, lente dérive sur une île du fleuve Amazone où se retrouvent les fantômes des guérillas voisines, ou Leave No Trace, de l’Américaine Debra Granik, récit simple et limpide sur la fuite d’un père et sa fille en marge de la société, campant dans un parc naturel de l’Oregon. Lorsque ronflent de partout les grandes orgues, il est toujours bon de s’en remettre à ces petites musiques humbles et douces qui soignent le cœur.

Ben Foster, l’acteur du film « Leave No Trace », dans les locaux d’Unifrance à Cannes, le 15 mai 2018. / STEPHAN VANFLETEREN POUR « LE MONDE »

Sur le Web : www.quinzaine-realisateurs.com